Introduction du Modérateur
Bonsoir chers invités, bonsoir chers élèves.
Merci d’avoir répondu à l’appel du Foyer de la
Renaissance Africaine (FRA). Il faut noter que le FRA nait dans le cadre de la
commémoration du 51e anniversaire de la disparition de Ahmadou A
DICKO, le 04 mars 2013, illustre personnalité de notre histoire commune encore
cachée aux yeux même de ses petits-fils les plus directs que sont les jeunes
djibolais. Le FRA est une structure iconoclaste parce qu’elle ambitionne
« vulgariser » les icones de la renaissance africaine comme Cheikh Anta
Diop, Ahmadou A Dicko, etc. afin d’amener la jeunesse africaine à apporter sa
pierre à la construction d’une Afrique nouvelle unie, débarrassée des préjugés
occidentaux racistes de toutes nature. Pourquoi ces hommes ? Certainement
que vous êtes nombreux à vous poser la
question. Vous faites bien de vous la poser
car ces intellectuels ont contribué immensément par leurs écrits et
leurs actions à restaurer une conscience historique à l’Afrique et réhabiliter
l’homme noir en écrivant la vraie histoire africaine. A ce titre, ils méritent
à plus d’un titre qu’on s’arrête sur leurs œuvres. C’est en cela que le
panel-débat organisé par le FRA a tout son sens. Ce panel va s’articuler autour
de trois (03) communications, les unes aussi intéressantes que les autres.
Avant d’arriver aux communications proprement dites,
je m’en vais vous présenter les panelistes que vous connaissez mieux que
moi :
Le premier paneliste : Roger SAWADOGO, enseignant
d’Histoire-Géographie, journaliste également. Il va vous entretenir sur les
« Etats-Unis d’Afrique, un rendez-vous manqué avec l’histoire. »
Le deuxième : Moussa DICKO, enseignant d’Histoire-Géographie
et blogueur (http://moussadicko.blogspot.com) qui va vous
entretenir sur la « reconquête de la personnalité africaine et
réconciliation avec les repères Cheikh Anta Diop, Joseph Ki-Zerbo : base
d’une Afrique renaissante »
Le dernier : Bassidiki Ouattara, professeur de
philosophie au Lycée provincial de Djibo, va vous entretenir sur « la
renaissance africaine : un concept social et politique ».
Ceci
dit, nous allons donner la parole au premier intervenant, Roger Sawadogo pour
sa communication.
Youssouf
DIALLO
Enseignant d’Histoire –Géographie
Tel :
N.B. : La communication de
Bassidiki OUATTARA n’est pas encore disponible, nous nous en excusons, tout en
promettant de vous la faire parvenir dès que possible.
« Etats-Unis d’Afrique un rendez-vous manqué avec l’histoire »
A vant
d’introduire mon exposé, je voudrais que nous observions une minute de silence
pour des combattants de la liberté.
Une
minute de silence pour Hugo Chavez.
Une
minute de silence pour Jean Paul Bamogo, Journaliste décédé le 06 février
(compagnon de lutte et qui aurait aimé participer à une telle rencontre s’il
était vivant).
« Asta
la victoria sempre ! », la patrie où la mort nous vaincrons !
Pour
mettre les uns et les autres en phase avec les concepts que nous allons
employer, définissons ceux-ci :
|
|||
Le « fédéralisme » est selon Encarta
2009, un « mode d’organisation
permettant à des collectivités politiques de s’unir, tout en conservant leur
autonomie locale, sous l’autorité d’un pouvoir unique et souverain, établi
constitutionnellement ».
La fédération est dominée
par une structure étatique favorisant à la fois l’autonomie des États fédérés
et une solidarité entre ceux-ci. Elle se distingue de la confédération,
association égalitaire entre des États indépendants qui acceptent de coopérer
dans un certain nombre de domaines, sans renoncer à leur souveraineté.
I-Fière
d’être africain, « I’m proud »
Je peux aimer voyager mais je n’aimerai
jamais voyager parce qu’un autre continent est mieux que le mien. Je suis fier.
Fier d’être africain ! Il y a des raisons de l’être.
Au
XIIIe siècle, le Pays Mandé subit la terreur du roi-sorcier Soumangourou Kanté
(Soumahoro Kanté pour certains). Soundjata Kéita, son rival juré s’organise à
la bataille de Kirina convie les armées des rois traumatisés par ce terroriste
et aussi des « soldats » des pays voisins (lire Joseph Ki-Zerbo sur la contribution des Samo à cette
bataille) ? Après la victoire de Soundjata sur le roi-sorcier, les
rois des douze tribus Mandé s’asseyent sur les collines pour rédiger la Charte
de Kurunkanfuga. La Charte de Kurunkanfuga date d’après la bataille de Kirina
soit en 1235. Pour le monde moderne d’aujourd’hui marqué par la culture
occidentale, il faut
La
Charte de Kurukanfuga apparaît ainsi comme l'une des premières constituantes du
monde, type de règlement suprême qui a toujours cours de nos jours avec les
différentes chartes et constitutions régissant la vie de nos nations et
communautés internationales.
A
travers la brillante civilisation de l’Egypte ancienne, nous sommes fiers de
dire à l’humanité que le savoir fut à l’origine africain. Et elle le demeurera
car l’initiative de la création d’un Foyer de la renaissance africaine (FRA).
L’école Grec
L’expédition
d’Aboubacari II du Mandé sur l’Océan brise les thèses de la découverte de
l’Amérique par Christophe Colombe.
La
maîtrise de la géométrie par les Egyptiens sur les berges du fleuve Nil, la
richesse de l’art Dogon sont autant de
La
fierté d’appartenir à la même race que Thomas Sankara, panafricaniste devant
l’éternel, homme d’Etat, dirigeant visionnaire qui a dénoncé l’aspect opaque de
la dette et le manque d’unité des africains.
Les
vers de l’hymne du Wassoulou suffisent à eux seuls pour susciter une
gouvernance africaine, une gouvernance à l’africaine. Lisez-plutôt :
Extrait de l'hymne du Wassoulou
Si tu ne peux
Organiser, diriger et
défendre le pays de tes pères,
Fais appel aux Hommes plus valeureux.
Si tu ne peux
Dire la vérité en tout lieu et en tout temps,
Dire la vérité en tout lieu et en tout temps,
Fais appel aux Hommes plus courageux.
Si tu ne peux
Être impartial,
Être impartial,
Cède le trône aux Hommes justes.
Si tu ne peux
Protéger le peuple et braver l'ennemi,
Donne ton sabre de guerre aux Femmes,
qui t'indiqueront le chemin de l'honneur.
Protéger le peuple et braver l'ennemi,
Donne ton sabre de guerre aux Femmes,
qui t'indiqueront le chemin de l'honneur.
Si tu ne peux
Exprimer courageusement tes pensées,
Donne la parole aux griots.
Exprimer courageusement tes pensées,
Donne la parole aux griots.
Le peuple te fait confiance parce que tu incarnes ces vertus.
(Tiré du journal l'Autre Afrique N° 01, juillet 2001, nouvelle
version)
L’africain traverse une crise. Un déchirement
qui fait de lui un ni blanc, ni africain. C’est cette acculturation que
l’écrivain Frantz Fanon, dans « Masque
Blanc peaux noirs ». Ce déchirement ontologique de l’homme africain
scolarisé est encore décrit dans l’un des romans les plus célèbres d’Afrique.
Cette œuvre que je conseille à tout élève qui veut devenir un africaniste
fieffé et un rédempteur pour ce continent c’est bien celle de Cheikh Amidou
KANE, l’aventure ambiguë.
Quelques citations qui prouvent le
déracinement de l’homme noir et son interrogation permanent. La frustration de
l’homme noir est porté par les interrogations de la Grande royal, personnage du
roman :
-« Ce
qu’ils vont apprendre vaudrait-il ce qu’ils ont déjà appris »
-« Allez
à l’école du Blanc pour aller apprendre l’art de vaincre sans avoir
raison »
L’Africain doit se départir de ce
complexe d’éternel serviteur et d’éternel assisté.
II- La naissance du RDA, parti
panafricaniste
« A la rencontre panafricaine de
Bamako, la Haute Côte d’Ivoire était représentée entre autres par les Dermé
Moussa, Traoré Alama, Conseiga Georges, Kalanzaga Christophe, Vinama François,
Zinda Kaboré…La population de Bamako était mobilisé par Mamadou Konaté et
Modibo Kéïta les grands du Parti de l’Union Soudanaise, plus décidés que jamais
à mener à bien les travaux de cette conférence panafricaine : grands
rassemblements populaires ou meetings, autant que séances en comités restreints
ou toute autre manifestation de circonstance. Le double objectif visé par les
conférenciers radicaux était l’union des africains et l’alliance avec les
« démocrates français » - dont le chef de file était le PCF- pour
aboutir comme l’écrivit Houphouët à « l’Union française des peuples
différents mais libres et égaux en droits et devoirs ». Mais cette
anticipation de la « Libération de l’homme Noir » suscita des prises
de position divergentes et des
stratégies très différentes pour parvenir- disait-on- au même but », écrivait Joseph
Issouf CONOMBO en guise de témoigne sur
la création du RDA[1].L’auteur
poursuit sa description du climat de la naissance du R.D.A en
écrivant encore : « Entre le 18 et le 21 octobre, on remarqua
l’absence inexpliquée pendant les débats de certains grands Africains, tels les
sénégalais Lamine Coura Guèye ( dit Lamine Guèye) et Léopold Sédar Senghor, le
soudanais Fily Dabo Cissoko, Me Sylvendre, tous affiliés à la SFIO, le parti
social-démocrate de Guy Mollet qui deviendra la « bête noire » du PCF
de Marcel Cachin … Ils arrivèrent in extremis pour la clôture du Congrès le 21
octobre 1946, car après tout ils représentaient au Parlement beaucoup des 800
délégués présents dans la salle de théâtre investie pour l’occasion …Invité à
présider l’une des dernières séances, Fily Dabo Cissoko qui s’était fortement
démarqué de ses compatriotes Mamadou Konaté et Modibo Kéïta proches eux du PCF,
a déclaré : « En acceptant de présider votre conférence… ». La
salle : « Non ! Non ! Dites « Notre »
conférence et pas « votre » ! »…Et l’orateur a été forcé de
se reprendre en corrigeant…La discorde entre les fortes personnalités s’est
cristallisée à partir de cette naissance du RDA »[2].
Tout se passe sur les rives du fleuve Djoliba comme si l’avenir des Centrales
syndicales-mères et des partis politiques de la métropole, qui avait enfanté de
ces sections « indigènes », se jouait sur le continent noir. Sans
volontairement l’avoir introduit, les responsables politiques, par leurs
agissements, faisaient de sortent que le ver de la scission du RDA était déjà
au sein de ce parti qui s’est voulu panafricain à sa naissance.
Nonobstant ces prémices divisionnistes
et à caractère prémonitoire, le R.D.A, parti d’obédience communiste va avoir
des sections dans plusieurs pays d’Afrique : le Parti Démocratique de
Guinée (P.D.G/R.D.A) en Guinée-Conakry, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire
(P.D.C.I/RDA), l’Union Démocratique Voltaïque (U.D.V/R.D.A) en Haute Volta…
Très vite, le RDA va se présenter comme le défenseur de la cause des
populations africaines et va faire l’objet d’intimidations ou de menaces de la
part de l’administration coloniale. Jusqu’à nos jours, le souvenir du RDA comme
panacée à l’impérialisme reste vivace et l’image de l’éléphant reste
prestigieuse au niveau des populations africaines.
Dans la course d’Houphouët BOIGNY vers
le pouvoir, une date va rester historique ; celle du 30 Janvier 1950. Elle
est entachée de tueries. Des militants en effet, furent tués à DIMBOKRO une
ville de la Côte d’Ivoire où se trouvait la plus grande section-RDA du pays.
Ces tueries sont l’œuvre des forces armées françaises. Ces assassinats sont
consécutifs à l’arrestation du leader du R.DA de cette localité. Il s’agit de
Samba Ambroise qui fut écroué avec sept autres militants du parti. Ces
arrestations intervenaient alors que le leader du parti au plan national, Félix
Houphouët BOIGNY était recherché par les gardes de l’administration coloniale
pour activités subversives. Houphouët BOIGNY était en déplacement dans cette
localité.
L’arrestation de Samba et de ses
camarades va provoquer une onde de choc pour les populations des villages et
départements de DIMBOKRO. Le RDA avait appelé à l’occasion la population à
manifester pour faire libérer son leader. Ainsi la foule rassemblée à cette
occasion délégua des notables pour négocier avec l’administration coloniale la
libération de leur leader. L’administration n’entendait pas d’une bonne oreille
cette initiative. En effet, les gardes coloniaux avec à leur tête le Commandant
de cercle MONTEL ouvrirent le feu sur la population rassemblée en sit-in. Dans
la peur-panique générale qui suivit, 13 indigènes perdirent leur vie. Suite à
ces tueries et au climat de terreur qui régnait, la figure de proue du R.D.A,
Félix Houphouët BOIGNY qui était aussi visé par l’administration coloniale, se
réfugia dans la clandestinité. Par la suite, quittant l’intérieur du pays où il
s’était terré, il rejoignit Abidjan avant d’effectuer un voyage salvateur à
Paris. De retour de voyage, Houphouët BOIGNY qui trouvait le combat difficile à
mener déclara le « désapparentement » du R.D.A d’avec le Parti
Communisme Français (P.C.F) et son
alliance avec l’Union des Démocrates-Sociaux pour le Rassemblement (U.D.S.R),
le parti de son désormais ami François Mitterrand. L’UDSR était une structure
politique modérée. Ce divorce d’avec le P.C.F va créer une rupture entre les
leaders politiques du R.D.A eux-mêmes et aussi donner une connotation modérée
au RDA et par extension à l’OCAM que Houphouët va, à lui-seul, piloter. A
l’interne, cette décision va occasionner des grincements de dents. Sékou Touré,
pressenti pour être le mentor d’Houphouët BOIGNY connaîtra plus tard des
relations tumultueuses avec ce dernier. Au niveau de la jeunesse, fer de lance
du parti, il eut des distensions et des divergences d’opinion qui vont aboutir
à la création de la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire Francophone
(F.E.A.N.F) en 1950. Joseph Ki-Zerbo sera longtemps le président de cette
structure.
La naissance de cette fédération marquait la
désapprobation de la rupture entre le R.D.A et le P.C.F. La F.E.A.N.F était la
façade en milieu estudiantin du courant « progressiste » au
sein du R.D.A. Ce courant refusait la nouvelle alliance et préconisait la
création d’un nouveau parti clairement ancré à gauche, c’est-à-dire un parti de
type marxiste. Ainsi donc, mis-t-il sur pied
le parti africain de l’indépendance (P.A.I)[3] à
Dakar et en Haute-Volta.
III-L’OUA, un rendez-vous manqué
L’OUA, à sa création était un
regroupement où se rencontraient deux forces dichotomiques. Les anglophones
incarnées par N’KRUMAH et les francophones dirigés par Houphouët. Il fallut la
diplomatie et la maestria de Haïlé Selassié pour concilier les positions et
trouver le juste milieu pour faire naître une organisation.
Née après la création de l’OUA, l’OCAM,
qui incarnait l’organisation des francophones sous la houlette d’Houphouët,
devait se dépouiller de ses attributions politiques. La renonciation de l’OCAM
à ces prérogatives serait garante de l’intégration véritable sur le continent
et du renforcement de l’intégration au sein de l’OUA.
L’OCAM durant son existence n’a pas
toujours respectée cette clause. Cela a eu pour corollaire des relations
parfois orageuses entre les deux structures.
Une
coexistence contraignante
Né deux ans seulement après l’O.U.A, l’O.C.A.M par le nombre élevé de
ses membres mais aussi et surtout du fait de son option politique (unité portée
vers « l’Afrique des patries ») et de ses vues qui se penchent
mutatis mutandis vers la France constituait une menace à sa sœur aînée, plutôt
animée par la fougue révolutionnaire d’un Kwamé N’KRUMAH, isolé. En effet, le
noyau du conseil de l’entente piloté par Houphouët BOIGNY avait un très grand
poids au sein de l’O.U.A et de la communauté internationale via la France. Ceci
était tant une vérité de Lapalisse que le bloc des « modérés »
de l’O.C.A.M finit par imposer sa vision de l’unité africaine aux « révolutionnaires »
de Kwamé N’KRUMAH. Créé pour faire le contrepoids à l’O.U.A, pour exprimer le
dynamisme et la particularité du groupe francophone, mais aussi pour contrer
les menaces communistes en Afrique, l’O.C.A.M apparaissait, avec ses multiples
missions comme un organe presque incontournable de la politique française en
Afrique[4].
L’illustration des rapports orageux
entre la native de Nouakchott et l’O.U.A, vient des évènements de avril 1965.En
effet, à cette date, grâce aux pressions des Etats membres de l’O.C.A.M qui
accusait N’KRUMAH de tentative de déstabilisation du régime Nigérien, le 2ème
sommet de l’O.U.A à Accra s’est avéré un échec. Sur vingt huit délégations
attendues à accra, huit francophones brillèrent par leur absence au sommet.
Plusieurs ministres anglophones (supposés être pro-N’KRUMAH) et francophones
(pro-Houphouët et membres de l’O.C.A.M)
ne se parlèrent pas durant les travaux. Finalement, ce fut en fin de
compte le Négus qui concilia les positions en détendant l’atmosphère à la
clôture des travaux.
CONCLUSION
En ce XXIè
siècle cependant, force est de reconnaître que le retard du continent, faute
d’être comblé mérite de faire l’objet de réflexion pour que à jamais ses causes
véritables soient identifiées et que les solutions idoines servent de tremplin
pour les générations futures. Les réflexions de l’OCAM doivent être l’affaire
des jeunes générations. A défaut que les pères ne réalisent ce rêve d’unité
fédérale, les fils pourraient goûter aux délices d’une telle intégration, s’ils
tirent les leçons de projets comme ce modeste exposé de recherche et bien
d’autres. L’Afrique doit s’unir pour de multiples raisons que voici :
1-
La
réconciliation des africains avec leur propre histoire
En 2005, le Brésil, grâce à la
découverte des œuvres de Ki-Zerbo a décidé d’introduire dans son programme
d’enseignement l’Histoire de l’Afrique. Le Brésil a une population de plus de 40 % de noirs africains. Pourquoi un
pays qui fait partie des nations émergentes et des BRIC voudra t-il introduire
l’enseignement de l’Histoire africaine dans son programme ?
Félix Houphouët BOIGNY, Maurice
YAMEOGO……ne sont pas ceux que nous croyons. Même si Maurice a pu obtenir que
l’Armée française quitte la Haute-Volta pour que notre pays puisse se faire une
armée libre, digne, autonome créé grâce à Georges Bamina Nébié, Baba Sy,
Sangoulé Lamizana, Moussa Sanfo.
Il faut plutôt admirer Aboubacari II,
Kankou Moussa, Soundjata Kéita, nos Chefs dignes, Ouézzin Coulibaly, Philippe
Zinda Kaboré, Ki-Zerbo, Norbert Zongo.
« Au
commencement était la parole » disait Joseph ki-Zerbo pour combattre
ceux qui disaient que l’Afrique n’a pas d’histoire. Il faut réécrire l’histoire
de l’Afrique. Gommer les ratures, redresser les mauvaises tournures.
Bannir les frontières coloniales qui
nous divisent.
« L’Afrique
écrira sa propre histoire. Elle ne sera pas l’histoire enseignée en Belgique ou
encore aux Nations-Unis. Elle sera une histoire de gloire et de dignité », déclarait Patrice Lumumba.
Les jeunes africains doivent éviter de
réciter l’histoire de la France par cœur et méconnaitre celle de ses dignes
ancêtres.
2-La nécessité (devoir moral) de
conserver la vérité historique que l’Afrique est le berceau de l’humanité
Partant de la réalité historique que
le premier foyer humain se trouve être en Afrique et que tous les autres foyers
découverts ultérieurement (villafranchien, Lascaux en Europe et bien d’autres
sur les autres continents) sont partis de ce foyer originel, l’on peut affirmer
qu’il est un devoir pour l’humanité de préserver l’intégration des peuples
d’Afrique. En effet, l’argumentaire ne souffre nullement. Une mère fragilisée
reste le reflet d’un foyer vulnérable. Une mère fragilisée reste la source de
la perte de la famille et la porte ouverte à une perte de racine et d’identité.
Le proverbe moaga le dit « Paag la yiri ». La nécessité d’une
intégration véritable du continent se pose en termes de devoir de mémoire des
autres peuples du monde vis-à-vis de l’Afrique matrice de l’humanité.
3-L’unité d’une Afrique malgré tout
(histoire commune)
Malgré tout ce qui peut être recensé
comme fléau (guerre, maladie, niveau bas d’instruction), l’Afrique reste une
terre habité ou convoitée par les africains et assimilés (Diaspora). Qu’elle
soit habitée par des africains (majeur partie), par des blanc (en Afrique du
Sud), par des métisses (Brésil, premier pays hors de l’Afrique habité par des
noirs), des antillais (les îles), l’Afrique reste une et indivisible. Elle a et
partage des valeurs communes :
-Le respect du Chef
- Le respect de la parole donnée
- La croyance en un
« au-delà » peuplé d’ancêtres qui peuvent toujours influencer
(positivement ou négativement notre vie actuelle)
-Le respect des Anciens
-La Solidarité
- Le respect de la nature (avec les
changements climatiques, l’humanité a bien compris l’enjeu de la préservation
de l’Environnement)
-Le respect de la Femme (Voir l’interrègne chez certains peuples d’Afrique géré
par des Femmes)
-Le respect des
étrangers (qui peuvent être des dieux déguisés ou
tout simplement des humains qui méritent respect).
Ces valeurs à elles-seules suffisent à
ériger un Etat fédéral africain.
Il appartient aux jeunes africains
d’utiliser des moyens modernes tels l’Internet pour se faire des amis sur le
continent et entretenir la flamme de l’unité à travers des luttes communes pour
atteindre des objectifs.
4-L’unité : un enjeu moderne et
d’actualité
Les Relations internationales restent
marquées par la constitution de grands ensembles. Union Européenne, BRIC,
Etats-Unis d’Amérique…Il faut dans la démarche panafricaniste accepter des
compromissions. On en a pour exemple aujourd’hui la politique ouverte de Barak
Obama. On ne peut diriger seul aujourd’hui. Il faut voir même le
gouvernement d’ouverture de président du Faso.
Les Héritiers
des empires médiévaux du Mandingue, Sonrhaï, Mogho, de Madagascar, Ménélik
II…doivent-ils se refuser de reconnaitre leur sang noble et refuser de
s’unir ? L’on pourra alors affirmer sans risques de se tromper et avec
SENGHOR que : « Ce qui nous lie est au-delà de l’histoire ;
il est enraciné dans la préhistoire .Il tient à la géographie, à l’ethnie et
partant à la culture. Il est antérieur à toute colonisation »[5].
Chaque africain y devrait prendre conscience et agir dans le sens d’un
mieux-être du continent.
Unis, l’Afrique pourra multiplier sa
place dans le commerce internationale. Elle ne pèse à présent que 3% du
commerce mondial.
5-L’union
fait la force (l’Afrique laboratoire de richesses, de diversité)
L’intégration doit être l’affaire de
chaque africain. Elle doit être celle des peuples et non celle des seuls
politiques. L’enjeu pour les Etats africains doit être en effet au niveau
économique. L’économie tient solidement le politique. C’est dans ce sens que le
président Thomas Sankara disait qu’il appelait les burkinabè à accepter l’aide
qui permettait aux autres de se passer de l’aide. Le progrès du continent doit
être envisagé dans une perspective de « développement endogène ». Il
doit se bâtir sur un socle qui tienne compte des réalités sociales et sociétales.
Promotion des produits locaux. Par exemple, des zones de l’Afrique qui ont
besoin de tomates peuvent en commander au Burkina Faso pour la transformation
(cas du Ghana et du Burkina). N’KRUMAH lui-même disait dans son œuvre Conscientism
repris dans Histoire de l’Afrique Noire de Joseph KI-ZERBO à la page 654
: « Nos capitaux coulent en véritables torrents pour irriguer tout le
système de l’économie de l’occident. Pendant des siècles, l’Afrique a été la
vache à lait du monde occidental ».
" Si tu es
venu pour m'aider, tu perds ton temps. Mais si tu es venu parce que tu penses
que ta libération est liée à la mienne, alors travaillons ensemble ", Lisa Watson, aborigène australienne.
Le présent thème
s’est voulu une bouteille jetée à la mer. Avec l’espoir que d’autres études
pourront « ajouter de la terre à la terre » pour une meilleure
compréhension de l’intégration sur le continent. Emettons à la suite de Cheick
Anta DIOP le vœu que nombre d’africains prenne conscience de la nécessité de
l’intégration sur le continent. « J’ai la conviction que nos Etats
nains géographiquement et démographiquement, ne sont pas capables de faire face
aux nécessités de l’ère cosmique (…).Ceci, les Européens l’ont compris et c’est
pourquoi ils déploient des efforts colossaux pour dépasser la phase nationale
et arriver à construire une Europe fédérale. Il m’arrive souvent de souhaiter
que l’Europe réalise cette fédération car, ne serait-ce que par mimétisme, nous
lui emboîterions le pas, phénomène bien connu des anciens colonisés que nous
sommes et ce serait notre salut », écrivait le chercheur sénégalais[6].
Puisse les africains aller au-delà de cet élan de mimétisme souhaité par le
chercheur et devenir du même coup un combat quotidien pour tous Africains. Ne
dit-on pas que l’union fait la force ?
Roger Niouga SAWADOGO,
Enseignant d’Histoire-Géographie, Journaliste et Directeur
de la radio La Voix du Soum (LVS)
Tel :
(00226) 70415228
78900914
E-mail :
bigrodja@yahoo.fr
|
« Reconquête de la personnalité africaine et
réconciliation avec les repères Cheikh Anta DIOP, Joseph KI-ZERBO, Ahmadou
Abdoullahi DICKO : base d’une Afrique renaissante »
«
|
Reconquête de la personnalité
africaine et réconciliation avec les repères Cheikh Anta Diop, Joseph KI-ZERBO,
Ahmadou Abdoullahi DICKO: base d’une Afrique renaissante ». Voila un sujet
qui annonce un fond inépuisable. Loin d’assouvir votre soif sur ce sujet tant
il est vague et riche à plusieurs endroits, je voudrais ici qu’il suscite des
questionnements dignes d’une Afrique qui attend son redressement. Le sujet vous
annonce déjà que l’Afrique, mère du monde, ne demande pas une place dans le
monde qu’elle n’avait pas, mais juste qu’elle veut retrouver son profil et
cela, par ses propres fils et filles. Quel est ce profil? Si personne ne
conteste qu’elle est mère de l’humanité, jusque-là, d’autres ont tendance à
négliger voire ignorer qu’elle soit aussi mère de la civilisation. Aussi,
malgré le fait que l’actualité et les politiques internationales ont tendance à
la diaboliser ou pour le moins à l’infantiliser, nos éminents prédécesseurs ont
consacré leur vie à lutte pour la cause « nègre ». Si nous ne leur
rendons pas hommage et si nous ne retournons pas puiser les richesses qu’ils
nous ont légués nous resterons toujours à l’arrière plan du monde qui bouge et
nous continueront à être asservis. Si nous les laissons dans les oubliettes ils
nous auraient donné leur vie pour rien. Car même s’ils ne sont pas morts à la
guerre, je pense qu’ils ont donné leurs vies pour que l’Afrique sache ce
qu’elle vaut. C’est par le savoir qu’ils nous ont légué que l’Afrique renaitra.
Voyons donc, ce qu’il en est. Loin de vouloir revenir sur toutes les théories
de ces hommes nous parlerons surtout d’identité culturelle et d’intégration,
deux questions essentielles dans notre contexte actuel.
I.
Renaissance
africaine : un vieux concept d’actualité
Dans l’histoire
de l’humanité, la notion de la « renaissance » à été employée à
chaque fois qu’un peuple subit des bouleversements négatifs au cours de son évolution.
Guerres claniques, colonisations, tyrannie, etc. La notion renvoie à une
volonté de recouvrir une paix et une stabilité sociale pareilles à celles qui ont
précédé l’ère de crise. Pour le cas de l’Afrique, il ressort que la
« Nation nègre » a existé et rayonné grâce à une civilisation
légendaire sur les plans politique, social, religieux et scientifique, des
millénaires avant les premières traces de ce que l’on peut appeler « civilisation »
dans le monde grec qui enfantera la civilisation européenne. Pr Anta Diop
soutien « au Ve siècle avant l’ère chrétienne, quand Hérodote visitait
l’Egypte, la civilisation égyptienne était déjà vieille de plus de 10 000
ans ». L’histoire, par les savants africains et certains honnêtes savants
étrangers, nous révèle que l’Egypte nègre n’a cessé de gouverner le monde que
suite à une série d’envahissements par les perses en -525, les Macédoniens avec
Alexandre, les romains avec Jules César (-50), les Arabes au VIIe siècle, les
Turcs au XVIe siècle, les Français sous Napoléon (fin du XVIIIe), puis les
anglais au XIXe siècle. L’Egypte et le reste de l’Afrique se sont vu opprimés
jusqu’aux plus lointains confins et cela des premiers étrangers à l’accoster
aux colonialistes en passant par les négriers.
C’est après des
séries d’agression de ce genre que l’Afrique s’est repliée sur elle-même à la
suite des longues et douloureuses campagnes de déstabilisations structurelle,
infrastructurelle, sociale, politique, économique, culturelle. Tous les conquérants
ont travaillé sur les deux millénaires et demi qui séparent l’Egypte glorieuse
et l’Afrique qui luttait pour ses indépendances. Cela justifie largement
l’émiettement qui s’est créé et qui a contribué à faire passer ceux qui
voulaient d’un Afrique libre et unie dans l’ombre et l’agonie. L’expression
« Renaissance africaine » est lancée comme mot d’ordre pour la
première fois dans les rangs de l’Association universelle pour le progrès des
peuples noirs UNIA fondée par Marcus Garvey, l’africain-jamaïcain, dans les
années en 1920, au moment où le Ku-Klux-Klan sévissaient aux Etats-Unis. L’UNIA
dans sa convention internationale du 1er août 1920, a lancé des
slogans comme "Réveille toi Ethiopie,
Réveille toi Afrique!", "l'Afrique pour les africains d'Afrique et
d'ailleurs", "Renaissance de la race noire", etc. Après lui ce
sera un crédo pour les combattants de la cause nègre dont l’un des plus
importants est Cheikh Anta Diop.
Cheikh
Anta Diop et Joseph Ki-Zerbo sont de ceux-là qui ont fortement travaillé à la
reconquête de la personnalité africaine, c'est-à-dire, à redorer l’image de l’Afrique
et des africains. Leurs combats exprimés de différentes manières ont fortement
revalorisé, voire réhabilité l’Afrique. Dans les propos qui vont suivre, nous
verront comment reconstruire notre personnalité à travers leur œuvre nous
termineront par la présentation d’un type d’africain à susciter, Ahmadou
Abdoullahi DICKO.
II.
Comment
l’Afrique doit elle se prendre pour repousser ses ailes ?
La problématique
de la Renaissance africaine repose essentiellement sur la résolution de ce
qu’il est convenu d’appeler, « le mal africain ». Le mal africain,
tel que décrit par les chercheurs, c’est son émiettement et la croyance aveugle
de certains d’entre nous au fait que l’Afrique a toujours vécu dans la division
et que nous sommes fondamentalement différents, du peul au mossi, du bobo au
gourmantche, etc. Divisée sur le plan territorial, elle n’en est pas moins sur
le plan des collaborations internes dans les domaines diplomatique, économique.
D’un pays à l’autre, d’une région à une autre, d’un village à un autre, et même
d’une personne à l’autre, nous sommes si distants entre nous africains, qu’avec
l’occident. De Cheikh Anta Diop à son
frère aîné Joseph KI-ZERBO, nous verront comment l’Afrique est passé à la
pseudo-impasse dans laquelle nous sommes et comment nous en sortir.
Dr Diop pose le problème de l’identité
culturelle. Pour lui, c’est l’identité culturelle qui forme la personnalité
collective d’un peuple. S’inspirant en partie de ses travaux, Pr Ki-Zerbo, propose
une issue par les moyens « d’une intégration authentique » des
peuples.
1. Cheikh Anta Diop et la question de l’identité
culturelle
Pour le Pr Diop,
le premier pas dans la perspective de retrouver la personnalité collective d’un
peuple et le fondement de cette personnalité que l’Afrique doit retrouver,
c’est la recherche et la consolidation de notre identité culturelle. Il stipule
que trois facteurs sont constitutifs de notre personnalité culturelle :
·
Le
facteur historique
·
Le
facteur linguistique
·
Le
facteur psychologique
Le facteur historique : c’est « le ciment culturel qui unit les
éléments disparates d’un peuple pour en faire un tout ». C’est
pourquoi « L’effacement, la
destruction de la conscience historique a fait partie de tout temps des
techniques de la colonisation, d’asservissement et d’abâtardissement des
peuples ». Aux peuples colonisés on travaille à faire perdre aussi
bien la souveraineté que la conscience historique de sorte à ce que ces
derniers retombent à un stade extrêmement bas, celui de la barbarie. Jusqu’aujourd’hui,
force est de reconnaître que cette conscience n’est pas reconstituée dans son
entièreté. Pour Pr Diop, l’enseignement de l’Histoire doit être une activité
nationale.
Le facteur linguistique : en reprenant les
propos de Montesquieu, Diop fait de la langue un moyen incontournable. Il
approuve Montesquieu quand ce dernier dit « tant
qu’un peuple vaincu n’a pas encore perdu sa langue, il peut garder
l’espoir ». Aussi, à ceux pour
qui l’Afrique n’est qu’une tour de Babel, il répond, pas plus que l’Europe qui
elle-même n’a pas moins de 360 langues et dialectes.
Pour l’imminent
savant, il est plus que jamais nécessaire de revoir les programmes africains
d’enseignement dans les domaines historiques et linguistiques et « axer radicalement ceux-ci sur les
antiquités égypto-nubiennes au même titre que l’enseignement occidental
s’appuie sur les antiquités gréco-latines : il n’existe pas de moyens plus
sûr, plus radical, plus scientifique, plus sain et plus salutaire de renforcer
la personnalité culturelle africaine, et partant, l’identité culturelle des
Africains ».
Le facteur psychologique : c’est avec le
Médecin grec du IIe siècle Galien que les
européens fond la genèse d’une description de l’africain qui va le diaboliser.
Il caractérise le nègre par 2 éléments : longueur démesurée du sexe et
hilarité, forte propension du rire. C’est ceux là même qui feront dire à une
certaine élite « l’émotion est nègre
et la raison est hellène » (L. S. Senghor). Pendant longtemps, on fera
du noir un être privé de raison. Cheikh Anta pense qu’il faudrait resituer le
problème en réhabilitant l’homme noir. Pour lui, la « gaieté
communicative » si mal interprétée par Galien, « au lieu d’être un trait psychique permanent dû seulement au
soleil, est une conséquence des structures sociales communautaires sécurisantes
qui enlisent nos peuples dans le présent et l’insouciance du lendemain,
l’optimisme, etc., tandis que les structures sociales individualistes
engendrent chez les Indo-Européens l’inquiétude, le pessimisme, l’incertitude
du lendemain, la solitude morale, la tension vers le futur et toutes ses
incidences bénéfiques sur la vie matérielle. »
2. Joseph KI-ZERBO et l’idée d’intégration
Pour le Pr
Ki-Zerbo, qui vécu entre 1922 et 2006, la résolution du « mal
africain » réside dans l’intégration. Pour lui, l’intégration est « une ardente obligation ». Il
entrevoit trois dimensions de ce qu’il appelle « une intégration
authentique ». Ce sont :
·
l’intégration
historico-culturelle ou verticale
·
l’intégration
spatiale et économique ou horizontale
·
et l’intégration
sociale
L’intégration historico-culturelle : il
considère qu’on peut l’appeler aussi intégration verticale ou vertébrale parce
que c’est elle qui fait en sorte qu’une collectivité se soutienne, se tienne
débout, et prenne place parmi d’autres personnes morales comme partenaires
véritables. Il soutient : « Un
arbre qui n’est pas fondé sur ses racines n’est plus un arbre ; ce n’est
tout au plus qu’un tronc d’arbre, une bûche disponible pour tous les usages, y
compris comme épave, comme « bois d’ébène » ou comme
combustible ». Pour s’émanciper un peuple doit toujours avoir les
trois dimensions incontournables du temps : c’est la trilogie de
l’identité historico culturelle (passé, présent, avenir) dont l’absence d’un
élément entraine une annihilation, une désarticulation, une dénudation de sens.
Comme disait le comédien, Dahico, « le passé explique le présent et
ensemble ils construisent l’avenir ».
On ne peut se
développer avant d’avoir observé une trêve à une période de sa vie pour se
poser des questions essentielles sur soi-même. Une sagesse peulh dit ”so alla haɗi ma andal fu, ko heewi ŋakiima.
Andal ngaan le wana andude dewte keew ɗe wana andu de baali wana andude
be’i wana andude na’i. wo andude hoore mun”. En
français, ”si dieu vous prive de la connaissance, vous manquez de beaucoup de
choses. Cette connaissance n’est ni la connaissance de beaucoup de livres, ni
la connaissance des moutons, des chèvres ou des bœufs, c’est la connaissance de
soi-même ». C’est effectivement ce dont parle Ki-Zerbo en suggérant comme
point de départ à tout savoir, la connaissance de soi à travers, entre-autres,
les procédures suivantes :
·
la
quête de l’antériorité : « Qui suis-je ? » impliquant la
réponse à la question « d’où est-ce que je viens ? »
·
la
genèse, la reproduction et la recherche de la paternité par les questions
suivantes : « de qui sommes-nous les fils ? », « de
quelle civilisation sommes-nous les pères ? »
Il fait état
d’une nécessité absolue de reconstruction de notre passé, notre histoire et de
notre civilisation par nous-mêmes, car « l’histoire est presque toujours
l’histoire des vainqueurs, et […] l’intégration historique implique que nous ne
laissons personne se glisser entre nous et notre passé, entre nous, et
nous-mêmes ».
L’intégration horizontale : sur le plan
spatial, la division de l’Afrique n’est pas favorable à un développement. « L’espace éclaté de l’Afrique
d’aujourd’hui est un espace négatif pour la science, et donc pour le
développement » écrit Joseph Ki-Zerbo. L’Afrique, morcelée depuis le
Congrès de Berlin, est devenu un danger pour elle-même. Les choses sont
accentuées par nos politiques et les impérialistes qui trouvent leurs comptes dans cette division. Pour
Ki-Zerbo, « on ne peut rien
comprendre de profond dans aucun secteur de la science en Afrique, en se
limitant aux frontières issues du congrès de Berlin. En Géologie, en Histoire,
en Géographie, en Sociologie, en Epidémiologie, en Droit, etc., c’est en
transcendant ces frontières que la compréhension est possible. »
Les Etats
actuels de l’Afrique n’ont pas une meilleure alternative que de tenter au mieux
une restructuration qui leur permettra de travailler à l’autonomie de l’Afrique
dans les secteurs de l’énergie, l’habitat, la communication, etc. Il ne sert à
rien d’avoir « des usines clé en
main là où il faut des usines clé en tête ». Si non, force est de
reconnaitre que malgré nos « indépendances vieillissantes », notre
envie de développement grandissante, bon nombre de nos pays resteront « de grands malades vivants sous
perfusion (de l’aide extérieure) ».
L’intégration sociale : « si l’intégration historique est
l’alpha de toute intégration, l’intégration sociale en est l’oméga,
l’accomplissement et l’ultime garantie », explique le Professeur. Il s’agit ici de travailler à faire des
africains les vrais acteurs de notre développement. Pour cela, ils doivent
susciter « une plate-forme minimale
de consensus… et de rassembler les groupes porteurs d’accomplissement toujours
plus grands pour la majorité du corps social ». Il faut donc regrouper
les intérêts de l’Afrique et faire en sorte que nous rapprochons les uns des
autres. L’idée d’une Afrique dont les hommes briseraient les barrières sociales
tant instrumentalisées n’est pas un rêve vain. D’ailleurs, Ki-Zerbo soutien en
ce sens que ce qui parait une utopie aujourd’hui peut être une réalité de
demain.
III.
Exemple d’homme
à susciter : Ahmadou Abdoullahi DICKO, le plus proche repère
Chez les grecs
proches de nous, PERICLES (législateur du Ve siècle avant JC) avait dit pour
changer les choses, il faut changer les esprits des hommes. Pour la nouvelle
Afrique, il nous faut un homme nouveau inspiré du modèle de nos valeureux
prédécesseurs. Pour nous Ahmadou A DICKO, si loin et si proche de nous,
pourrait bien incarner le type d’homme à rechercher. Qui était-il ? D’où
venait-il ?
1.
Un repère
suscité par Djibo
La Subdivision de Djibo
devenue Cercle suivant l’Arrêté (N°443/INT/N°A) du 20 Aout 1958, a eu la chance
d’abriter les premiers agissements pour l’indépendance de la Haute-Volta, voire
de l’Afrique. Il est vrai que depuis longtemps la localité a entretenu une
culture d’hostilité vis-à-vis de l’école à l’époque dite coloniale et même
aujourd’hui, bien qu’à force de sensibilisations et de prise de conscience, les
classes soient de plus en plus pléthoriques. Mais malgré cette culture, les
quelques rares personnes qui y sont allés ont su d’une manière ou d’une autre
marquer la mémoire du colon et ne sont pas pour autant connus dans leur propre
province d’origine, pour laquelle ils ont souvent tant fait. Pendant que l’on
assiste ailleurs à la célébration de personnalités dites éminentes telles que
Maurice YAMEOGO, Gérard Kango OUEDRAOGO, MOGHO-NABA Kougri, Ouezzin KOULIBALY,
dans d’autres pays, Léopold Sedar SENGHOR, Fulbert YOULOU, on oublie que ce
sont eux qui ont refusé l’indépendance à l’Afrique en 1958 alors que dans
le cercle de Djibo, plus précisément à FILIFILI, un jeune étudiant de la
Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France (F.E.A.N.F) et membre
fondateur du Mouvement Africain pour la Libération Africaine (M.L.N.) se serait
élevé contre toutes les autorités de l’époque allant des chefs coutumiers,
commandant de cercle qui était Robert GUILLO(22sept. 1958-22 nov. 1959), et au
chef du gouvernement, à l’époque Maurice YAMEOGO. L’homme peu connu malgré ses
grandes œuvres s’appelait AHMADOU ABDOULLAHI DICKO.
2.
Portrait
Personne ne pourrait mieux
décrire cet homme que l’éminent Pr JOSEPH KI-ZERBO, qu’il repose en paix. Voilà
en long, qui était AHMADOU ABDOULLAHI DICKO à la plume de du professeur qui fit
la préface Le journal d’une
défaite : autour du référendum du 28 septembre 1958 en Afrique noire:
« Il était frêle ; presque fragile, comme ses congénères
peuls accrochés à leurs troupeaux errant dans la steppe sahélienne rôtie
de soleil. Frêle, mais inflexible à la fatigue. C’était un homme simple
d’allure, d’une élégance racée dans son costume européen et d’une simplicité
prophétique dès lors qu’il revêtait le boubou africain de cotonnade. Le teint
clair, le front haut, le visage d’une pureté ascétique, annonçait un être
dépouillé de préoccupations mesquines. AHMADOU avait une intelligence
lumineuse, à la fois limpide par sa rigueur analytique et dialectique par son
aisance à sortir de toutes les embûches et à enfermer l’adversaire dans ses
propres contradictions : un prince de l’esprit qui savait écouter sans
interrompre et parler avec sobriété. Dans les innombrables débats d’une
génération passionnée et libre, la parole de DICKO était rare et attendue. Le
ton calme et doux savait s’élever avec ferveur lorsque l’essentiel était en
cause. En effet, son intelligence n’était pas un microscope stérile et
froid ; c’était un phare hissé sur une âme de feu. […] Dès qu’on
était en sa présence, on captait l’aura d’un être consacré, dévoué : d’une
générosité sans calcul, radical sans fanatisme, vigilante sans étroitesse de
vue. […] Ce qui fascinait chez lui sans heurter, c’était cet équilibre rarement
réalisé entre la perspicacité fulgurante de l’esprit, la sensibilité exquise du
cœur aux problèmes d’autrui et l’élévation de l’âme vers la cime des grandes
causes. Chez A. DICKO l’humilité personnelle ne fait que justifier et légitimer
la fière intransigeance de ses grandes ambitions pour l’Afrique. Tel était cet
homme, qui a pour ainsi dire traversé hâtivement les sentiers de la vie, sans
avoir eu le temps se salir aux poussières du chemin. »
De sa mort, le professeur
dira : « Un frère d’armes, un patriote africain pur et irréductible
comme le diamant s’en est allé. »(cf. préface de Journal d’une défaite).
3.
Parcours
Officiellement, AHMADOU
est né en 1932 à FILIFILI. Le père de AHMADOU se nommait DICKO ABDOULLAHI SALOU
et sa mère FATOUMATA HAMMADOUM.
Il étudie à
l’école de Djibo de 1939 à 1942, période pendant laquelle il perdit sa mère qui
l’assistait à Djibo pour sa scolarité. A la même époque faut-il, le rappeler,
c’était la deuxième grande guerre du monde. Ses anciens camarades de classe
encore vivant, témoignent que du fait de la guerre, il ne restait qu’un seul
enseignant pour les trois classes qui existaient, tous les autres étant envoyés
au front. Malgré le contexte, lui et certains de ses camarades partirent pour
l’école primaire régionale de Ouahigouya où il obtient son CEPE en 1945. Il
devait donc au début de l’année scolaire 1945-1946, entamer l’étape de Bamako,
la capitale. En effet, comme on le sait tous, à cette époque-là, la Haute-Volta
n’existait plus (depuis sa dislocation de 1932) et notre le Jelgooji relevait
du Soudan Français (actuel Mali). Cependant, de retour à FILIFILI pour les
vacances, son père refuse, la rentrée venue, de le laisser repartir pour ses
études alors qu’il devait passer le test d’entrée au Collège Terrasson de
Fougère, actuel Lycée Askia Mohamed de Bamako. C’est grâce au nouveau directeur
de l’école de Djibo qui se nommait Noumountché KONE que le jeune homme réussit
à partir pour Bamako. Le directeur de l’école aurait menacé de dénoncer
ABDOULLAHI à l’administration s’il ne laissait pas son repartir pour ses
études. C’est ainsi que AHMADOU arrive à Bamako et trouve que le test était
déjà passé. Par chance il rencontra un de ses enseignants nommé BOUGOURAOUA
OUEDRAOGO qui, connaissant ses mérites, lui fit inscrire en classe de sixième.
Noter que ce Bougouraoua OUEDRAOGO. AHMADOU se distingua en devenant major de
sa promotion les quatre années qu’il y fit. Après avoir obtenu son BEPC en
1949, il dût aller continuer ses études à Dakar au Lycée Van VOLHOVEN
aujourd’hui appelé Lycée Lamine GUEYE. Il étudie alors à Dakar jusqu’à obtenir
son Baccalauréat en 1952 et est admis à l’Université de Toulouse où il adhère à
la F.E.A.N.F et y était honoré pour ses écrits et conférences qu’il donne et
surtout à l’occasion de la commémoration aux 21 février de la journée de
solidarité anticolonialiste. Il participe à l’assemblée constitutive du M.L.N
(Mouvement africain pour la libération nationale) avec JOSEPH KI-ZERBO, ALBERT
TEVOEDJRE et CHEIKH HAMIDOU KHANE, entre autres. Courant 1958, alors qu'il
préparait une thèse de doctorat en Lettres d'espagnole, avec les crises qui
éclatent en Afrique entrainant le retour de CHARLES DE GAULLE sur la scène
politique en France, ces étudiants reviennent en Afrique pour militer pour
l’Indépendance immédiate de l’Afrique par le vote du « non » au référendum du 28 septembre 1958 proposé par DE
GAULLE. Dans un climat tendu, où les dirigeants politiques sur place étaient
acquis à la cause des colons, si corrompus soient-ils, AHMADOU ABDOULLAHI DICKO
fut, après Joseph KI-ZERBO, celui qui fera la campagne en Haute-Volta contre
des chefs politiques comme Maurice YAMEGO, Gérard KANGO, religieux, et même
coloniaux à l’exemple de Robert GUILLO, commandant du cercle à l’époque. Il
parcoure son JELGOOJI natal, Ouahigouya, Ouagadougou la capitale politique, et
Bobo-Dioulasso celle économique. Des meetings, des conférences et des
tête-à-tête avec des hautes personnalités de l’époque. Il repart pour Toulouse
le 07 novembre 1958 avec un échec forgé par des gens comme MAURICE YAMEOGO.
Mais de cette tournée, il lègue aux générations d’historiens une œuvre
intitulée Le journal d’une défaite : autour du référendum du 28
septembre 1958 en Afrique Noire. Dans les débuts de la décennie 1960 il
revient au pays et enseigne deux ans au Lycée Municipal de Bobo. Il est atteint
d’un cancer de vessie, puis, envoyé à l’hôpital Necker à Paris, il est ramené à
l’hôpital de Bobo non soulagé et y succomba le 04 mars 1962, sans laisser
d’héritier que la jeunesse de Filifili, de Djibo, de la Haute-Volta et de
l’Afrique. Il repose aux cimetières municipales de Bobo-Dioulasso depuis cette
année-là et son œuvre demeure jusque-là méconnue de ses proches, les jeunes
Djibolais et même beaucoup de ceux qui font des recherches sur la localité. Le
Pr KI-ZERBO avant de quitter ce monde est allé à Filifili au moins par deux
fois, la dernière, avec sa femme Jacqueline pour rendre visite à la famille de
A DICKO. A ma visite de FILIFILI le samedi 28 août 2010 je constatai combien
ces paysans qui n’ont jamais été l’école connaissaient Joseph KI-ZERBO mieux
que nombre d’élèves et étudiants.
4.
L’incarnation
d’un rêve africain
Ahmadou A. DICKO, était un
grand visionnaire, et aujourd’hui encore, nous pourrons évaluer ce que valent
ces idées d’il y a un demi siècle. C’est un jeune « nègre » qui
arrive dans une France qui a longuement martyrisé l’Afrique et qui le forme à
être « un objet colonial » en
1952. Plutôt que de faire des études de la langue de Molière pour être
« poète » ou quoi d’autre, il étudie l’Espagnole. Interrogé sur la
question, il se justifie en manifestation d’un intérêt particulier pour une
Afrique rattachée à l’Amérique latine et l’Asie dans le cadre du mouvement de
la Tricontinentalité dont l’un des leaders était le marocain Mehdi Ben Barka.
Ahmadou a laissé au monde et
plus particulièrement à la jeunesse africaine un héritage dans un livre qu’il
intitula Le journal d’une défaite :
autour du référendum du 28 septembre 1958 en Afrique Noire, qui, comme
lui-même l’a dit, est un « journal
de lutte et d’espoir » qui constitue jusqu’aujourd’hui l’un des plus
grands témoignages sur le dit référendum. Il y expose le déroulement du référendum
au jour le jour. On y découvre également de nobles rêves qui dorment encore.
Quand Ahmadou quittait Filifili le 3 novembre 1958 avec la préoccupation
suivante : « comment envoyer
aux paysans de ce village des journaux de simple information comme ils me le
demandent sans que l’Administration ne les intercepte ? Et comment leur
trouver – puisqu’ils sont tous illettrés – un traducteur qui ne soit pas un
agent des colonialiste ». N’est-ce pas une noble préoccupation ?
Aujourd’hui encore, même si l’Administration ne le intercepte pas, force est de
reconnaitre que le niveau d’accès aux « journaux
de simple information » est faible malgré l’effort non négligeable des
radios qui elles-mêmes manquent d’ailleurs de moyens suffisants. Ce problème
qui préoccupait A. A. DICKO en 1958, reste une préoccupation majeure même à
Djibo 55 ans après. Pendant ce temps, Dominique De Glue, directrice de
publication de la revue française Science
& Avenir, peut crier au monde entier sur les ondes de RFI, « l’information n’est pas un luxe mais
une nécessité ». Je regrette qu’au Burkina Faso ses termes trouvent
toutes leurs incohérences. Elle est certes une nécessité, et même, une
nécessité absolue, mais aussi et surtout, très luxueuse pour nous citoyens d’un
Etat indépendant depuis plus d’un demi siècle.
Conclusion
L’heure ou l’ère
d’une Afrique renaissante est là, les ressources sont disponibles et
n’attendent qu’à être exploitées par les africains. Il est du devoir de la
jeunesse de renouer avec sa culture et ses racines pour y parvenir. Il s’agit
moins de trouver de nouvelles richesses culturels et économique que de consolider
les bases que constituent le savoir et le savoir-faire des africains. Comme le
soutien Ki-Zerbo, c’est par notre culture que nous arriverons au développement.
Il le traduit en termes simples : « La culture contribue autant que
l’agriculture à faire pousser le mil ». C’est dire que aussi bien
nos activités que nos manières de les mener, sont déterminants pour un
développement durable. Le patrimoine que nos hommes nous ont laissé à lui seul
un projet de société pour notre Afrique. La démarche à suivre, retrouver notre
personnalité collective, à travers la recherche de notre identité culturelle et
procéder au recollage de nos morceaux de pays en engageant les stratégies d’une
« intégration authentique » tout en s’accrochant aux maîtres penseurs
et modèles que sont Pr Cheikh Anta DIOP, Pr Joseph KI-ZERBO et Ahmadou
Abdoullahi DICKO. Si je dois terminer par une proposition concrète ce serait
celle de l’Ecole africaine la renaissance dont le but sera de créer un cadre de
formation des élèves et étudiants en langues nationales que le FRA doit mettre
en place.
Moussa DICKO,
Enseignant-blogueur
E-mail : nibelche@yahoo.fr
Tel : (00226)71221852
79549415
74748972
Ahmadou A. DICKO
(1932-04/03/1962)
Image du livre écrit par Ahmadou A DICKO
Bibliographie
Dicko, Ahmadou Abdoullahi, Le
journal d’une défaite autour du référendum du 28septembre 1958 en Afrique noire,
158p, Paris, DAG Hammarskjöld-L’Harmattan, 1992(1e éd. 1960)
Diop, Cheikh Anta
-
Nation
nègre et culture, Paris, Présence Africaine, 1979 (1e édition
1954)
-
Civilisation
ou barbarie : anthropologie sans complaisance, 526p, Paris, Présence
Africaine, 1981
Diop, Cheikh M’Backe, Cheikh Anta Diop : l’homme et l’œuvre, Paris,
Présence africaine
Dorsal, n°01 de février
2012
Ella, Jean-Marc, Cheikh Anta
Diop ou l’honneur de penser, Paris, L’Harmattan, 1989
Le CHERCHEUR, n°1, 1990,
Revue scientifique de l’Association des Chercheurs Sénégalais
Sites web
Résumé des débats
Pour
l’essentiel, les intervenants ont souligné la nécessité de multiplier des
rencontres de ce genre. Ils étaient nombreux ceux qui ont pensé que l’heure est
au réveillon et le FRA a eu le mérite de susciter beaucoup d’espoir dans ce
sens.
Malgré
la perplexité des uns et des autres sur la question de réussir un retour vers
les langues nationales, l’idée était largement partagée.
A
propos de la méconnaissance de Ahmadou Abdoullahi Dicko, un jeune élève
s’indigne « aujourd’hui, moi
j’ai honte de moi. A voir que Ahmadou DICKO est un si brave homme et que moi en
tant que jeune de Djibo dont la grand-mère vient de Filifili, je ne le connais
pas. ».
Autour
de la question des Etats-Unis d’Afrique, la place du Maghreb dont certains
ressortissants auraient une « antipathie vis-à-vis de l’homme noir » a été également discutée. A l’inquiétude d’un
participant, il a été donné aux panelistes de rappeler la nécessité de
travailler avec les maghrébins de la même façon que cela s’est passé avec nos
prédécesseurs dont l’illustre Mehdi Ben Barka. Aussi sur ceux qui ont une
répugnance vis-à-vis des noirs, il s’agira moins de s’imposer à eux par la
force que de les inciter à chercher et à connaître et comprendre l’histoire et
la culture du « nègre authentique », car l’ignorance est une
grande raison d’intolérance et de mépris.
Mot de la fin : Le MLN de
Joseph Ki-Zerbo et ses camarades avait intitulé son Manifeste « Libérons
l’Afrique ». Nous disons aujourd’hui « Récupérons
l’Afrique ! » Le Rêve a commencé avec nos prédécesseurs et continue
avec nous. Ce qui nous reste à faire, c’est Réaliser afin de pouvoir Léguer
quelque chose aux générations à venir. Comme disait Ki-Zerbo, « chaque
génération a ses pyramides à bâtir ».
« Quiconque
honore est honoré »
Baltasar Gracian
Nos remerciements vont à l’endroit de toutes
les personnes qui ont contribué de près ou de loin à réaliser la première
édition des Journées Ahmadou Abdoullahi DICKO.
Aux différentes radios (LVS-FM et RLCD) qui
nous ont fait profiter d’émission gratuite (LVS) et de tarifs de publicité
avantageux ;
Aux membres de la famille de Ahmadou A. DICKO
dont Adoubary Hassane (neveu), Boukary Dicko et Amadou Dicko qui ont
facilité les recherches et la préparation de ces journées ;
A la famille Ki-Zerbo, notamment à Madame
Jacqueline Ki-Zerbo et Lazare Ki-Zerbo qui nous ont moralement soutenus
avant et après l’activité ;
A Dr Roger Tall, Hamadoum Tamboura, Hassane
Ouerem, amis et connaissances de Ahmadou A DICKO, pour leurs révélations sur
l’homme et Osiris Issouf Sawadogo (de Génération Cheikh Anta Diop) et Benoît
Le Comte pour leurs conseils et soutiens sans cesse renouvelés ;
Au Lycée Privé El-Nour de Djibo qui nous a
ouvert ses locaux quand certains nous ont fermé les leurs ;
Aux élèves, étudiants, enseignants, et autres
travailleurs (notamment le Président de la Croix Rouge de Djibo et son Agent de
Bureau), qui se sont mobilisés pour assister à la rencontre ;
Nous rendons un hommage digne de leur
apport !
Le
Foyer de la Renaissance
Africaine
(FRA)
[1] CONOMBO (I.J), Acteur de mon temps -un
Voltaïque dans le xxè siécle, Paris, l’harmattan, 2003, p.116
[2] CONOMBO (I.J), op.cit
[3] N’GOUPANDE (J.P), L’Afrique face à l’Islam,
Paris, Albin Michel, 2004, p.20-28
[4] ZERBO (Y), Sources et objectifs, Journal
de l’Afrique, 14 juillet 2000, p.12.
[5] WODIE (F), Les institutions internationales
régionales en Afrique occidentale et centrale, Paris, Librairie générale de
droit et de jurisprudence (LGDJ), 1970, p. 37.
[6] DIOP (C.A), Les fondements d’un Etat fédéral
en Afrique, Paris, édition revue et corrigée, Paris, 1986,60p.
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