« Aujourd’hui des forfaits impossibles sous les Néron se commettent sans qu’on puissent en accuser personne. Les uns ont demandé, les autres ont proposé, les troisièmes ont rapporté, les quatrièmes ont décidé, les cinquièmes ont confirmé, les sixièmes ont ordonné et les septièmes ont exécuté. » Léon Tolstoï, Le salut est en vous
Pobé,
le 13 décembre 2012. Onze jours ont passé après les élections ! Les
conseillers municipaux sont connus ! Les uns savourent en attendant de
voter leur nouveau bourgmestre, d’autres en pâtissent. En effet, un potentiel
candidat à la mairie est passé de vie à trépas par une méthode que l’on croyait
révolues dans notre « Etat de droit ». Madi Konfé, puisque c’est de
lui qu’il s’agit, l’un des deux conseillers de l’Union pour la République
(UPR), s’est fait abattre à bout portant. Deux plombs lui ont été plantés
respectivement dans la tête et dans le cœur par son congénère Issouf Konfé ! Regard !
Pobé-Mengao est l’une des neuf communes
que compte la province du Soum. Située au sud de la commune de Djibo, c’est une
cité qui fait honneur au Burkina Faso, tant elle est incontournable sur les
plans historique, culturel et touristique ! De son beau Musée enrichi de
la belle statuette « Mamio » à ses célèbres gravures rupestres, des
générations d’historiens et de collectionneurs d’œuvres d’art en ont
raffolé ! Pobé, comme on l’appelle couramment, est sous une psychose depuis
le 13 décembre 2012. C’est un drame à connotation sociale et politique qui
défraie la chronique.
On parle aussi bien de crime politique
que de fratricide. On pourrait bien se demander au nom de qui ou de quoi, les
deux frères Konfé en sont-ils arrivés là ? Pourquoi dans un pays comme le
notre tuerait-on quelqu’un de son propre chef ? Pourquoi Issouf Konfé,
précisément lui, aurait tiré sur celui qui se faisait voir comme le véritable
challenger du maire sortant alors qu’il
arrive à Pobé pour ses consultations électorales ? Quel pourrait être
l’avenir Politique de « La cité de Mamio » ? Quels sont les
mutations qui s’effectuent déjà au sein de la société ?
Issouf Konfé est l’homme aux deux visages
dans le jeu politique des dernières échéances électorales. En effet, c’est
l’homme proche des deux camps, Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP)
et UPR. Il aurait reçu une grosse somme d’argent venant de Madi Konfé de l’UPR
pour l’aider à battre sa campagne. Malgré cela, Issouf s’est fait voir comme une
vedette des meetings CDP. On l’a vu, vestes et cravates frappés d’images de
Blaise Compaoré et d’emblèmes du CDP. Il est aussi le frère cadet de Boureima
Konfé, le bras droit du maire sortant. Boureima, lui, est aussi un conseiller
municipal du CDP duquel relève sont mentor. Lui et son frère sont réputés
alcoolos et fougueux. Des sources soutiennent que « c’est à cause de ceux-là [Boureima et Issouf] que les gens de
Pobé n’aiment pas le maire sortant. Ils lui ont plusieurs fois dit de se
débarrasser d’eux et il a refusé. »
Le maire sortant, candidat à sa propre
succession, bien que sont parti ait remporté la majorité des sièges (19/31) aux
élections municipales, ne partait pas rassuré d’être réélu. Les sources
concordent sur le fait qu’à plusieurs reprises, le maire sortant et ses
camarades du CDP ont invité Madi à se rallier à eux parce qu’après tout « les élections municipales sont passée
mais la famille demeure et doit être unie ». Mais là, il faut tout de
même s’étonner que la situation dégénère si vite. Des appels à la table, on
passe « en joue, puis au feu ! ». Victor Hugo nous l’a appris
dans La
légende des siècles, « La
vie est une fête où le meurtre fourmille. Et la création se dévore en
famille ! »
Madi semble bien dévoré par la famille.
Et si le maire sortant n’est pas celui qui a tirer sur lui et ne peux pas être
facilement accusé d’être le commanditaire du crime ou d’être dans la chaine du
crime telle que décrite par Léon Tolstoï, les amis et camarades politiques de
Madi n’hésitent pas à qualifier cet acte de « crime politique ». Ousseini
Tamboura, leader de l’UPR dans la province du Soum, affirme, « Je reste perplexe sur cette question.
Mais, si Madi a été assassiné pour son engagement politique, nous pensons que
c’est dommage. C’est un espoir de la jeunesse de Pobé qui a été lâchement assassiné. »
Daouda Konfé, conseiller de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC), qui
a d’ailleurs passé une partie de la journée du 13 décembre avec Madi, a eu
beaucoup de peines à croire que ce dernier s’en est allé. Il s’est aussi
inquiété pour sa propre sécurité et celle des membres d’autres partis et il
n’est pas le seul.
Les
membres et sympa thisants du Parti pour
la démocratie et le socialisme, parti des bâtisseurs (PDS-Metba) qui ont obtenu
cinq (05) postes de conseillers ont eu des craintes pour leur sécurité de sorte
à ce que l’un d’eux ait passé la nuit du jeudi fatal à Namsiguiya.
Aujourd’hui, plus que jamais, il importe
surtout d’interpeller le monde entier sur les conséquences d’un tel crime sur
les futures relations entre les populations pobélaises. Pobé est désormais
meurtri et déchiré par ces derniers évènements qui portent un coup sévère au
plan social. Des bouleversements s’opèrent et l’étau se resserre sur l’ancien
maire, sa famille et ses amis. En effet, depuis le jour du drame, les forces de
l’ordre campent dans la ville de Pobé pour éviter des débordements. Les
différentes familles se menacent et les hommes qui étaient les plus proches se
distancient et s’évitent mutuellement.
A Pobé, plus d'une semaine après le drame, l’opinion est plus que jamais
divisée. Les cœurs sont « lourds » et la terreur plane sur la ville.
L’entrée dans le jeu des géomanciens est déjà à l’ordre du jour. Issouf est
attend d’être jugé au Tribunal de grande instance (TGI) de Djibo. Pobé et la
classe politique soumoise sont aussi impatients de voir cet homicide,
fratricide ou simplement crime politique soit élucidé et que la justice soit
dite.
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