mardi 11 décembre 2012

Ces leaders qui ont dealé notre liberté!




Devoir de mémoire sur l’année 1958

Nous sommes le 10 décembre 2012 Cela fait 52 ans et plus d’un mois que la Haute-Volta, actuelle Burkina Faso prône son indépendance à l’instar de seize autres pays africains. A la date de la commémoration de ladite indépendance, cela fera également 53 ans exactement que la Haute-Volta est devenue une République, soit du 11 décembre 1959 au 11 décembre 2010. Nous allons encore voir des gens se pointer devant nous et seront vu au delà de nos frontière grâce au satellite de la RTB et tout fiers, ils nous chanteront la gloire de Son Excellence Maurice Yaméogo, premier président du Faso. Que Maurice est merveilleux ! Qu’il est bon ! Qu’il est fort ! Un grand combattant ! Un grand patriote ! Le père de l’indépendance du Burkina Faso ! Et quoi encore ? Il s’est tant battu pour ouvrir aux générations d’après 1960, un avenir glorieux en faisant  en sorte qu’elles trouvent un pays indépendant après des années d’asservissement. Voilà un homme charismatique. Il a dit un jour de 1960, plus précisément le 05 août, ce qui suit : « je déclare solennellement l’Indépendance de la République de Haute-Volta !» Et ce cri a retenti dans le monde entier. Aujourd’hui encore, ce passage d’une page à l’autre de l’histoire de la Haute-Volta, on nous le fait voir et revoir à longueur de la journée sur les ondes de la RTB. Voilà un fier voltaïque qui a fait la fierté de milliers d’autres, et fait aujourd’hui chanter et danser. Mais là, un véritable problème se pose. On est allé tellement vite que beaucoup ne peuvent rien comprendre. Comment la République de Haute-Volta est-elle arrivée à l’indépendance ? Pour ceux qui aiment se contenter du peu, ils savent seulement que Maurice Yaméogo s’est battu et la République a accédé à l’indépendance. Cependant à y voir clairement, il ressort que la bataille pour les indépendances de l’Afrique francophone a été plus rude en 1958 qu’en 1960. Et ça, c’est une des vérités de notre histoire que les acteurs politiques ont travaillé à effacer, à faire oublier. Même dans les livres d’histoire, on s’est débrouillé pour être le plus bref possible quand on parle de l’année 1958. On s’attelle seulement à dire qu’en 1958, un référendum constitutionnel pour une communauté franco-africaine a été proposé aux africains et métropolitains et que la constitution fut largement  acceptée par les concernés. On omet volontairement toutes les vérités sur l’année 58. Qu’en est-il réellement ?

Souvenez-vous quand même que l’immédiat après seconde guerre mondiale n’a pas été une période de paix ! La montée des nationalismes dans les différentes colonies tend à déstabiliser les gouvernements métropolitains. C’est ainsi que la crise profonde de l’Algérie va soulever les craintes du gouvernement français. Alors, le président Réné Coty fit appel en 1958 au Général Charles De Gaulle afin qu’il forme un nouveau gouvernement et intervienne auprès des différentes colonies pour sauver la politique française. De Gaulle était réputé ami de l’Afrique et des africains depuis qu’il s’y était « réfugié », pardonnez ma séverité dans l’expression, en 1942 pour organiser « la résistance » de LA France LIBRE. Certains diront tout de suite qu’il ne s’y est pas réfugié mais plutôt qu’il s’y est rendu pour un seul but, celui d’organiser la résistance. Mais on ne va pas jouer aux mots.

De Gaulle fait alors appel pour un référendum constitutionnel, le 28 septembre 1958. Il fit pour cela le tour de l’Afrique francophone pour faire sa propagande afin de convaincre les Etats africains à dire « oui » à la constitution. Le vote du « oui », les bulletins jaunes, équivaudrait à l’acceptation d’une communauté dite FRANCO-AFRICAINE, où la France et l’Afrique francophone auraient une constitution commune, les mêmes institutions, avec chacun une autonomie ; et le vote du « non », les bulletins mauves, signifierait l’accession à l’indépendance et à la souveraineté internationale. C’est à cette époque-là que des étudiants de la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France (FEANF) et quelques uns de leurs prédécesseurs créèrent le Mouvement africain pour la Libération Nationale (MLN) en vue de faire la campagne pour l’Indépendance immédiate de l’Afrique. Parmi eux figuraient Cheikh Hamidou KHANE, le Pr. Albert TEVOEDJRE, Jacqueline KI-ZERBO et son mari le Pr. Joseph KI-ZERBO (décédé en 2006), Ahmadou Abdoullahi DICKO (décédé en 1962), etc. Revenus en Afrique pour l’occasion, ils se battent contre vents et marrées pour que l’Afrique accède à l’Indépendance.

Malheureusement, sur leur chemin, ils se heurteront à l’administration coloniale (les commandants de cercles de l’époque), et des leaders politiques, religieux et coutumiers acquis à la cause de la France. Pendant que le Mogho Naba Kougri faisait venir ses collègues de toutes parts du Burkina et leur appelait à faire voter pour la France tout en menaçant même d’exécuter tout citoyen de sa ville qui voterait « non », Maurice Yaméogo prônait que « seuls les fous et les démagogues peuvent revendiquer l’indépendance ».

A travers l’Afrique entière à l’exception de la Guinée, on a vu solliciter même aux grands marabouts et sorciers de faire toutes les prières ou tous sacrifices nécessaires pour que l’Afrique n’accède pas à l’indépendance. Des gens comme Maurice Yaméogo, Ouezzin Coulibaly, Gérard Kango, et hors du Burkina, l’intello Sédar SENGHOR, les Fulbert YOULOU, etc., tous se sont laissé corrompre. Nous pourrions parler d’eux tous dans cette forme de lâcheté sans jamais en finir. Mais contentons-nous de parler de celui-là que l’on nous présente tous les jours bon gré mal gré, celui-là qui est supposé être le meilleur. Maurice Yaméogo, ancien commis expéditionnaire de l’administration coloniale qui a servi pendant un temps à Djibo, en collaboration avec ses amis, a tout mis en œuvre pour que De Gaulle remporte au Référendum. Et au soir de la proclamation des résultats définitifs, le 03 novembre 1958, il proclamait vive De Gaulle, vive la France, vive la Communauté, et ce après un score d’environ 99% pour la pauvre Haute-Volta.

Tous les pays francophones s’allièrent pour ne pas dire renouvelèrent leur aliénation vis-à-vis de la France, sauf un seul, la Guinée de Sékou TOURE qui n’a pas passé par mille chemins pour dire « non » à la France, et cela « sans complexe ». L’historique phrase de Sékou TOURE retentit encore dans les savanes Africaines : « nous préférons l’indépendance dans la misère que la richesse dans l’asservissement ». Le reste de l’Afrique, par le biais de leurs dirigeants s’est laissé corrompre pour la plupart pour des miettes, des fausses promesses, des menaces, l’ignorance.

Certains sont allés jusqu’à dire que c’est en cette année-là que De Gaulle initia les africains à la fraude électorale, qu’on n’échappe jusqu’à présent pas. En effet, nombre de villages n’ont pas vu les bulletins mauves (ceux du « non ») et dans certains comme beaucoup de villages du Soum, c’était le chef de Canton qui venait voter pour tout son village et même de la part de ceux-là décédés depuis des années ou allés en transhumance. Ce témoignage nous vient de Ahmadou A. DICKO qui, à l’issue de ce référendum a laissé un ouvrage sur sa campagne pour le « non ». Ecrite sous le titre Le journal d’une défaite : autour du référendum du 28 septembre 1958 en Afrique noire, l’œuvre de Ahmadou reste aujourd’hui, plus que jamais, un ouvrage à très grande portée politique et historique pour le Burkina Faso, voire l’Afrique noire toute entière.

 Sa version des faits est bien confirmée par les villageois de ces centons que j’ai pu rencontrer en août 2010, en prélude des célébrations des indépendances africaines. Après ces événements, il n’y a pas eu réellement de luttes. Naturellement, les promesses françaises n’ont pas été tenues. Les institutions siégeaient en France et tous les postes et services clés étaient réservés aux français, le traitement des salariés comme des autres citoyens différaient de la France à la métropole, l’exploitation des « indigènes » n’était pas abolie. C’est dans ces circonstances que le Général De Gaulle commença à « distribuer » le statu de République. La Haute-Volta prit sa part le 11 décembre 1958 et devint indépendante le 05 août 1960. « Les leaders voltaïque de l’époque voulaient accéder à l’indépendance mais dans une concertation avec la France », a tenté de nous faire croire le Dr. Pierre Claver Hien, au panel organisé le 29 mars 2012 à Ouagadougou pour l’inauguration des activités commémoratives du cinquantenaire. Appréciation de cette phrase laissée à chacun des lecteurs ! Docteur en Histoire politique, personne ressource sur les questions burkinabè, et beaucoup d’autres qualifications auxquelles je suis très loin d’approcher, j’ose avouer ne pas avoir la même appréciation du refus d’indépendance en 1958. J’ose croire que ce n’est pas pour les yeux doux des politiques qui ont organisé ces conférences, puisque les politiciens passeront mais pas les écrits et l’écrit ou la conférence de l’historien reste et l’histoire va juger !

De plus, quand on revient quelque peu que ce soit sur le discours de Maurice Yaméogo on peut comprendre mieux. Une indépendance octroyée en signe de reconnaissance d’amitié, avec accords de marchés, une indépendance qui comporte en elle-même les germes de sa propre aliénation. A lire entre les lignes du discours de proclamation de l’indépendance, comment peut-on en être satisfait ? Comment, un burkinabé qui n’est ni sourd, ni aveugle puisse-t-il voir et entendre proclamer cette indépendance et dire qu’elle est réelle ? Ou bien, va-t-on me dire que les gens ne pourraient comprendre que cette indépendance est proclamée, la France à l’honneur ? En écoutant bien, on entend bien Maurice dire, « au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, je déclare solennellement l’indépendance de la République de Haute-Volta ». C’est ce genre de discours qui ont obligé Lumumba à hausser le ton à la date d’indépendance du Congo, le 31 janvier 1961. En effet, les termes de Liberté -Egalité -Fraternité, ne sont rien d’autre que la devise de la France. Quand on est indépendance on ne jure pas du nom ou de la devise du colon ! Non ! Sinon, où est notre indépendance ou pourquoi a-t-elle été placée sous les signes de la France ?

L’une des conséquences probables, la France a continué à faire et défaire les régimes africains jusqu’à nos jours dans les pays africains où les gens n’ont pas travaillé à redorer leur image. L’invitation est formulée à l’endroit de tous les burkinabé, de bien vouloir fouiller un peu plus dans l’histoire du Burkina Faso, surtout en ce que concerne les années dont on ne parle que brièvement. C’est riche d’enseignements et ça nous aidera à mieux préparer le centenaire.






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