lundi 19 novembre 2012

Crise malienne: Connaître et comprendre le peuple Touareg

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Le conflit qui oppose actuellement l’armée malienne aux « rebelles touaregs » menace la stabilité et la paix dans la sous région. Depuis, le 17 janvier, date de reprise des hostilités, environ 1500 touaregs ont pris d’assaut les zones burkinabés qui font frontière avec le Mali, surtout celles plus proche du dit territoire de l’Azawad, soient les provinces du Soum, de l’Oudalan, et même le Yatenga. Pour cause, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad estime les causes touaregs mises en mal et souhaite que cesse ce qu’ils disent être « une guerre ethnique ». Cependant, on a beau tergiversé sur la question de ce conflit, on ne pourra le comprendre qu’en repassant en revue la civilisation touareg, la conception qu’ils se sont fait de l’espace appelé Azawad et sa volonté sécessionniste peu, voir pas voilé et cela de longue date.
Les touaregs sont une communauté linguistique qui vit dans le désert, sur les massifs sahariens. Ils se rattachent à la grande communauté berbères composée de paysans montagnards sédentaires, de paysans vivants dans les oasis et de nomades montagnards. Ils se trouvent des îles canaries à l’Egypte et de la Méditerranée au sud du fleuve Niger. Le tamashek est leur langue à tous. Au Mali, ils sont environ 1,7 % de la population et sont majoritaires dans la partie nord du pays équivalent aux 2/3 du territoire et qui regorge seulement 10% de la population malienne. Ce territoire est celui qu’ils appellent Azawad.
L’Azawad est la zone sahélo saharienne du Mali où cohabitent les peuls, les sonrhaï, les arabes et les touaregs. « Le pays touareg » du Mali comme l’appellent certains, fait frontières avec le Mali des noirs, la Mauritanie, l’Algérie, le Niger et le Burkina Faso. C’est l’équivalent des régions maliennes de Tombouctou, Kidal et Gao avec une partie de celle de Mopti.
Cette zone a été et reste un foyer des contestations et d’ambitions sécessionnistes avant et après la période colonialiste. De 1914 à 1916, nous rapporte Edmund Bernus, un chercheur de l’ORSTOM, les touaregs maliens ont levé « l’étendard de la révolte contre l’administration coloniale ». Ils furent de ce fait, les premiers africains de l’Ouest s’opposer « par es armes aux militaires français ». Il furent mâtés et ne le seront pas moins après leurs insurrections postérieures à l’accession à l’indépendance.
Le Mouvement populaire de l’Azawad réclame en vain la constitution d’un Etat touareg à partir de 1958. Sa base qui se trouvait à Kidal, sera le siège de ce qui fut appelé la « première rébellion touareg ». La révolte dure plus d’un an et la zone en sort appauvrie après la destruction de ses troupeaux mais reste néanmoins « dangereuse, interdite aux touristes. Les fonctionnaires maliens nommés dans cette région se considèrent comme punis, en exil » ajoute Bernus.  La famine des années 1970 causes de nombreuses fuites vers Niamey (Niger), Kano (Nigéria), Tamanrasset et Regan (Algerie). En mai 1990, deux années après la naissance du Mouvement populaire de libération de l’Azawad, une insurrection va naître avec de gens qui se battaient désormais dans des véhicules adaptés et avec un équipement de kalachnikovs et va aboutir aux accords Tamanrasset (1991) et au Pacte national (1992).  La guerre ne s’arrête pas pour autant. Sous Alpha Omar Konaré qui a incarné beaucoup d’espoirs pour la résolution de la question touareg, les choses vont à nouveau tourner au vinaigre Le Mouvement « Ganda Koy » (les « maîtres de la terre ») va faire son apparition. L’insurrection a lieu en 1996 et ses aboutissants n’ont été autres que les accords d’Alger signés en 2006 dont la crise actuel n’est que le fruit de l’échec de la mise en œuvre.
Aujourd’hui, la zone est prise en partie par quatre puissances, toutes aussi forte et armée. L’Etat malien d’un côté, l’Alliance du 23 mai, Alqaïda au Maghreb islamique (AQMI) et le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA, né en novembre 2010). Si l’Etat malien et l’Alliance du 23 mai ont lancé depuis Alger un appel au cessez le feu le samedi 04 février 2012, le secrétaire général du MNLA, Bilal Ag Cherif, dans une interview donné au journal El Khabar le lundi 06, signifie que cet appel ne concerne pas son mouvement.
La guerre continue donc et tout le monde en pâti. Les touaregs réfractaires à cette guerre sont obligés de fuir. La cause, ils sont opprimés par les noirs maliens qui voient en eux des sanguinaires et ils sont aussi victimes de l’ostracisme de leurs frères touaregs qui sont dans la rébellion. Chez les touaregs « chacun doit rester à sa place, se conformer au rôle qui lui est dévolu sous peine d’exclusion » nous dit Bernus.

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