samedi 17 novembre 2012

OSC et partis politiques au Burkina Faso





Introduction

La société civile et la classe politique sont deux composantes majeures de la population des Etats. La deuxième est issue de la première et elles entretiennent des relations allant du sympathique à l’antipathique. En effet, il arrive que les organisations de ces différentes parties aient des plates-formes communes qui peuvent être suscitées par l’une ou l’autre d’elles. Mais, comment les partis politiques, voire la classe politique actuelle du Burkina Faso peut-elle avoir une implication dans les organisations de la société civile ? Une société civile doit-elle être un objet de la classe politique ?

Notions de société civile

Les organisations de la société civile sont des regroupements constitués de façon légale et qui relèvent spécifiquement de la société civile, par opposition à la classe politique. Le terme est rencontré chez des philosophes comme Friedrich Hegel (1770-1831) pour désigner l’ensemble, distingué de l’Etat, des individus qui sont unis par des liens économiques et juridiques dans des rapports de dépendance réciproques. Pour l’UNESCO, c’est l’ensemble des organisations ou de groupes constitués de façon plus ou moins formelle et qui n'appartiennent ni à la sphère gouvernementale ni à la sphère commerciale. Selon le Livre Blanc de la gouvernance de l'Union européenne, « la société civile regroupe notamment les organisations syndicales et patronales(les "partenaires sociaux"), les organisations non gouvernementales (ONG), les associations professionnelles, les organisations caritatives, les organisations de base, les organisations qui impliquent les citoyens dans la vie locale et municipale, avec une contribution spécifique des Églises et communautés religieuses ».
Dans cette logique, la classe politique est considérée comme étant l’ensemble des hommes politiques d’un pays. La classe politique qui émerge généralement de la société civile s’en sert quand cela est pour arriver à ses fins.

 Implication des partis politiques dans les actions des OSC

Les actions de la société civile reçoivent l’appui des partis politiques selon les objectifs recherchés. C’est ainsi que les partis politiques de l’opposition font front commun avec les OSC dans les luttes contre la vie chère ou la défense des droits humains, des droits des travailleurs, etc. La nature de ces liens semble partisane dans ce sens où l’implication des partis politiques de l’opposition dépend très souvent du degré de crise que vit le pays. En effet, si en France, le CGT semble souvent se confondre au PS en particulier et à la gauche en général, au Burkina Faso, à chaque situation de crise les tendances changent. Aussi bien certains syndicats sont soupçonnés d’être proches de l’opposition, certains jugés fantoches par les premiers, sont méthodiques rattachés au pouvoir en place. Même si les syndicats à eux seulement ne représentent pas toutes les OSC, leur relation avec les partis politiques sont illustratives de l’implication de ces derniers dans les autres. Néanmoins, il reste évident que les partis politiques, voire la classe politique, sont inéluctablement attachés à la société civile qui semble être au centre de leurs actions.

Place des OSC dans les actions des partis politiques

Au vu de ce qui précède, la place des OSC dans les actions des politiques est évidente. Certains partis politiques paraissent accorder de l’importance aux OSC et d’autres semblent même en faire une composante clé. Le parti majoritaire du Burkina Faso a eu la particularité d’accorder à l’un de ses personnages les plus importants, en la personne de François Compaoré, le poste de chargé de relations avec les OSC avec cinq secrétaires. A l’instar de ce parti, ses mentors qui gèrent le pouvoir d’Etat ont quelques fois, dans des cas de crise politique ou sociale suscité des plates-formes d’échanges où le concours des OSC est fortement demandé. Les plus illustres exemples sont ceux des années 2000 (Collectif pour la justice pour Norbert Zongo)  et 2011 (CCRP). Pour la plupart, les gouvernements, face à la pression forte de la société civile et des partis politiques de l’opposition ont négocié et bénéficié de la contribution d’une part non négligeable des OSC.

Démocratie participative ou exploitation partisane ?

Dans l’espace de l’Union européenne, les organisations de la société civile sont constitutionnellement reconnues comme étant des parties non négligeables dans les prises de décisions. C’est un principe dit « de la démocratie participative » qui est suggéré par l’article I-47 du traité constitutionnel de l’Union européenne. Le Burkina Faso, par contre, est un des pays où la notion de démocratie cause un véritable problème, si bien la démocratie participative pourrait être perçue comme une expression difficile à cerner dans notre contexte, pour ne pas dire vaine. Si le parti majoritaire a largement mobilisé les citoyens en 2011 pour célébrer « 20 ans de démocratie », les OSC et certains partis de l’opposition ne voient le système politique actuel comme telle. Pour les uns  la démocratie est une arnaque, et pour d’autres un abus. Certains préfèrent résumer à la suite d’un juriste burkinabè, Dr. Luc Marius Ibriga, que le Burkina Faso vit dans une « démocrature » ou encore de Feu Norbert Zongo qui qualifiait le système de « démocratie de l’hyène ». Dans un tel contexte, les relations entre les différentes composantes de notre pays ne peuvent qu’être opportunistes et s’ouvrent sur des conflits d’intérêts. L’exploitation de chacune des parties par l’autre est de mise, et chacune le fait à sa guise.

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