Introduction
La société civile et la classe politique sont
deux composantes majeures de la population des Etats. La deuxième est issue de
la première et elles entretiennent des relations allant du sympathique à
l’antipathique. En effet, il arrive que les organisations de ces différentes
parties aient des plates-formes communes qui peuvent être suscitées par l’une
ou l’autre d’elles. Mais, comment les partis politiques, voire la classe
politique actuelle du Burkina Faso peut-elle avoir une implication dans les
organisations de la société civile ? Une société civile doit-elle être un
objet de la classe politique ?
Notions
de société civile
Les organisations de la société civile sont
des regroupements constitués de façon légale et qui relèvent spécifiquement de
la société civile, par opposition à la classe politique. Le terme est rencontré
chez des philosophes comme Friedrich Hegel (1770-1831) pour désigner
l’ensemble, distingué de l’Etat, des individus qui sont unis par des liens
économiques et juridiques dans des rapports de dépendance réciproques. Pour
l’UNESCO, c’est l’ensemble des organisations ou de groupes constitués de façon plus ou moins
formelle et qui n'appartiennent ni à la sphère gouvernementale ni à la sphère
commerciale. Selon le Livre Blanc de la gouvernance de l'Union européenne, « la société civile regroupe
notamment les organisations syndicales et patronales(les "partenaires
sociaux"), les organisations non gouvernementales (ONG), les
associations professionnelles, les organisations
caritatives, les organisations de base, les organisations qui impliquent les
citoyens dans la vie locale et municipale, avec une contribution spécifique des
Églises et communautés religieuses ».
Dans cette logique, la classe politique
est considérée comme étant l’ensemble des hommes politiques d’un pays. La
classe politique qui émerge généralement de la société civile s’en sert quand
cela est pour arriver à ses fins.
Implication des partis politiques dans les
actions des OSC
Les actions de la société civile reçoivent l’appui
des partis politiques selon les objectifs recherchés. C’est ainsi que les
partis politiques de l’opposition font front commun avec les OSC dans les
luttes contre la vie chère ou la défense des droits humains, des droits des
travailleurs, etc. La nature de ces liens semble partisane dans ce sens où
l’implication des partis politiques de l’opposition dépend très souvent du
degré de crise que vit le pays. En effet, si en France, le CGT semble souvent
se confondre au PS en particulier et à la gauche en général, au Burkina Faso, à
chaque situation de crise les tendances changent. Aussi bien certains syndicats
sont soupçonnés d’être proches de l’opposition, certains jugés fantoches par
les premiers, sont méthodiques rattachés au pouvoir en place. Même si les
syndicats à eux seulement ne représentent pas toutes les OSC, leur relation
avec les partis politiques sont illustratives de l’implication de ces derniers
dans les autres. Néanmoins, il reste évident que les partis politiques, voire
la classe politique, sont inéluctablement attachés à la société civile qui
semble être au centre de leurs actions.
Place des
OSC dans les actions des partis politiques
Au vu de ce qui précède, la place des OSC
dans les actions des politiques est évidente. Certains partis politiques
paraissent accorder de l’importance aux OSC et d’autres semblent même en faire
une composante clé. Le parti majoritaire du Burkina Faso a eu la particularité
d’accorder à l’un de ses personnages les plus importants, en la personne de
François Compaoré, le poste de chargé de relations avec les OSC avec cinq
secrétaires. A l’instar de ce parti, ses mentors qui gèrent le pouvoir d’Etat
ont quelques fois, dans des cas de crise politique ou sociale suscité des
plates-formes d’échanges où le concours des OSC est fortement demandé. Les plus
illustres exemples sont ceux des années 2000 (Collectif pour la justice pour
Norbert Zongo) et 2011 (CCRP). Pour la
plupart, les gouvernements, face à la pression forte de la société civile et
des partis politiques de l’opposition ont négocié et bénéficié de la
contribution d’une part non négligeable des OSC.
Démocratie
participative ou exploitation partisane ?
Dans l’espace de l’Union européenne, les
organisations de la société civile sont constitutionnellement reconnues comme
étant des parties non négligeables dans les prises de décisions. C’est un
principe dit « de la démocratie participative » qui est suggéré par
l’article I-47 du traité constitutionnel de l’Union européenne. Le Burkina
Faso, par contre, est un des pays où la notion de démocratie cause un véritable
problème, si bien la démocratie participative pourrait être perçue comme une
expression difficile à cerner dans notre contexte, pour ne pas dire vaine. Si
le parti majoritaire a largement mobilisé les citoyens en 2011 pour célébrer « 20
ans de démocratie », les OSC et certains partis de l’opposition ne voient
le système politique actuel comme telle. Pour les uns la démocratie est une arnaque, et pour
d’autres un abus. Certains préfèrent résumer à la suite d’un juriste burkinabè,
Dr. Luc Marius Ibriga, que le Burkina Faso vit dans une
« démocrature » ou encore de Feu Norbert Zongo qui qualifiait le
système de « démocratie de l’hyène ». Dans un tel contexte, les
relations entre les différentes composantes de notre pays ne peuvent qu’être
opportunistes et s’ouvrent sur des conflits d’intérêts. L’exploitation de
chacune des parties par l’autre est de mise, et chacune le fait à sa guise.
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