Depuis le 17 janvier 2012, on le sait, nos
voisins maliens sont en pleine crise. Si pour les politiques et militaires la
guerre se fait au nom de l’intégrité du territoire national, pour les actuels
maîtres du nord du pays, plusieurs raisons sont avancées. Deux principales
tendances partagent plusieurs groupes du territoire nord. C’est ainsi que de
nombreux mouvements se combattent au nom de mêmes idéaux vus sous différents angles.
Des islamistes antagonistes et des indépendantistes divisés, personne ne fait
l’unanimité, même pas dans son propre groupe.
Cela a entrainé des exilés qui, malgré leur
statut de réfugiés, vont rester divisés. Après avoir refusé d’intégrer les premières
tentes aménagées pour les accueillir au Burkina Faso parce qu’elles ne
respectaient pas la différence entre arabes et touaregs, les réfugiés ont fait
parler d’eux le mardi 1er mai 2012. Une bataille rude s’est
déclenchée autour de la distribution des vivres par les agents du Haut
Commissariat des nations unies pour les Réfugiés (HCR) occasionnant un mort du
côté des touaregs et de nombreux blessés dans les deux camps. Deux touaregs sont
à ce jour hospitalisés au Centre médical avec antenne chirurgical (CMA) de
Djibo et des interpellés à la gendarmerie. Des sources dignes de foi laissent
entendre qu’un arabe serait en détention à la maison d’arrêt du Tribunal de
grande instance de Djibo pour l’homicide qu’a occasionné cette bagarre.
La raison de la dite bagarre est toute
banale. Comme d’habitudes, la distribution devrait se faire dans l’ordre
hiérarchique suivant : les arabes d’abords, les touaregs ensuite.
Cependant quand les arabes ont fini de recevoir les vivres et que les touaregs
ont pris le rang, un vieil arabe qui n’y
était pas au même moment que ses congénères arrive et se décide à passer avant
les touaregs et cela en présence de son fils, un jeune soldat de l’armée
malienne qui a fait défection, semble-t-il. C’est ce dernier qui finira par
gifler un des touaregs qui s’obstinaient à barrer le passage au vieil arabe. La
goutte d’eau va déborder le vase. Et comme si les touaregs n’attendaient que
cela, ils pourchassèrent les deux arabes jusqu’à leur camp. Retournés chercher
leurs vivres, ils virent les arabes venir avec leurs véhicules tout terrain
cogner leurs engins deux roues. S’en est suivi la rixe jusqu’à ce que les
éléments des forces de l’ordre interviennent.
Pour ceux qui les connaissent mal, parmi les
réfugiés maliens, il y a des peuls, des bella, des touaregs, des arabes, etc.
Selon leur conception, il y a des noirs et des blancs. Parmi les noirs, les
bella sont ceux que les touaregs ont toujours considéré comme inférieurs en ce
sens qu’ils leurs auraient servi d’esclaves dans le temps et ils essaient
d’ailleurs de garder cela. De l’autre côté, les arabes se sont toujours vus
comme les maîtres touaregs dont ils ont conquis les terres de longues dates. Du
coup on se retrouve face une société graduée avec les arabes au dessus, les touaregs
au milieu et les bella au plus bas de l’échelle sociale. Ceci, est-il
nécessaire de le rappeler, relève de comportement discriminatoire indigne de
notre ère. Beaucoup de gens seraient d’ailleurs étonnées que de telles
conceptions existent encore chez certains peuples.
Le drame dans toute cette histoire, c’est que
le Mali, par le biais des ses exilés réussira à exporter sa crise. Les pays
voisins, aujourd’hui plus que jamais, se retrouvent acculés par le nombre
exorbitant de réfugiés quelque peu turbulents, des réfugiés difficilement
gérables pour plusieurs raisons dont la principale est la leur culture de la discrimination,
voire de l’auto discrimination. Des réfugiés impudents qui vont jusqu’à refuser
de vivre ensemble pour le seul fait d’une différenciation ethnique longtemps
entretenue, des agents de sécurités impuissants et poussés au dégout d’étrangers
ennuyeux, et des djibolais craintifs, la situation n’est pas loin de dégénérer.
La population djibolaise qui voit ses
réfugiés de plus en plus nombreux est inquiète sur plusieurs points dont le
plus important est celui de sa sécurité. Tout le monde est déçu quand à la
manière dont se comportent les réfugiés. Une citoyenne de Djibo, visiblement
choquée note que, « c’aurait été des burkinabè de l’autre côté de nos
frontières, on n’aurait même pas trouvé de problème à partager les mêmes tentes
quoi qu’il en soit » encore moins de prendre les mêmes rangs, mais que
dieu nous en garde. Il faut sauver le Mali, mais aussi et surtout les maliens,
exilés ou pas !
Nibel Casfigo El Che
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