dimanche 18 novembre 2012

Réfugiés maliens à Djibo Des bagarres au non d’une culture ségrégationniste


Depuis le 17 janvier 2012, on le sait, nos voisins maliens sont en pleine crise. Si pour les politiques et militaires la guerre se fait au nom de l’intégrité du territoire national, pour les actuels maîtres du nord du pays, plusieurs raisons sont avancées. Deux principales tendances partagent plusieurs groupes du territoire nord. C’est ainsi que de nombreux mouvements se combattent au nom de mêmes idéaux vus sous différents angles. Des islamistes antagonistes et des indépendantistes divisés, personne ne fait l’unanimité, même pas dans son propre groupe.

Cela a entrainé des exilés qui, malgré leur statut de réfugiés, vont rester divisés. Après avoir refusé d’intégrer les premières tentes aménagées pour les accueillir au Burkina Faso parce qu’elles ne respectaient pas la différence entre arabes et touaregs, les réfugiés ont fait parler d’eux le mardi 1er mai 2012. Une bataille rude s’est déclenchée autour de la distribution des vivres par les agents du Haut Commissariat des nations unies pour les Réfugiés (HCR) occasionnant un mort du côté des touaregs et de nombreux blessés dans les deux camps. Deux touaregs sont à ce jour hospitalisés au Centre médical avec antenne chirurgical (CMA) de Djibo et des interpellés à la gendarmerie. Des sources dignes de foi laissent entendre qu’un arabe serait en détention à la maison d’arrêt du Tribunal de grande instance de Djibo pour l’homicide qu’a occasionné cette bagarre.

La raison de la dite bagarre est toute banale. Comme d’habitudes, la distribution devrait se faire dans l’ordre hiérarchique suivant : les arabes d’abords, les touaregs ensuite. Cependant quand les arabes ont fini de recevoir les vivres et que les touaregs ont pris le rang, un vieil arabe  qui n’y était pas au même moment que ses congénères arrive et se décide à passer avant les touaregs et cela en présence de son fils, un jeune soldat de l’armée malienne qui a fait défection, semble-t-il. C’est ce dernier qui finira par gifler un des touaregs qui s’obstinaient à barrer le passage au vieil arabe. La goutte d’eau va déborder le vase. Et comme si les touaregs n’attendaient que cela, ils pourchassèrent les deux arabes jusqu’à leur camp. Retournés chercher leurs vivres, ils virent les arabes venir avec leurs véhicules tout terrain cogner leurs engins deux roues. S’en est suivi la rixe jusqu’à ce que les éléments des forces de l’ordre interviennent.

Pour ceux qui les connaissent mal, parmi les réfugiés maliens, il y a des peuls, des bella, des touaregs, des arabes, etc. Selon leur conception, il y a des noirs et des blancs. Parmi les noirs, les bella sont ceux que les touaregs ont toujours considéré comme inférieurs en ce sens qu’ils leurs auraient servi d’esclaves dans le temps et ils essaient d’ailleurs de garder cela. De l’autre côté, les arabes se sont toujours vus comme les maîtres touaregs dont ils ont conquis les terres de longues dates. Du coup on se retrouve face une société graduée avec les arabes au dessus, les touaregs au milieu et les bella au plus bas de l’échelle sociale. Ceci, est-il nécessaire de le rappeler, relève de comportement discriminatoire indigne de notre ère. Beaucoup de gens seraient d’ailleurs étonnées que de telles conceptions existent encore chez certains peuples.

Le drame dans toute cette histoire, c’est que le Mali, par le biais des ses exilés réussira à exporter sa crise. Les pays voisins, aujourd’hui plus que jamais, se retrouvent acculés par le nombre exorbitant de réfugiés quelque peu turbulents, des réfugiés difficilement gérables pour plusieurs raisons dont la principale est la leur culture de la discrimination, voire de l’auto discrimination. Des réfugiés impudents qui vont jusqu’à refuser de vivre ensemble pour le seul fait d’une différenciation ethnique longtemps entretenue, des agents de sécurités impuissants et poussés au dégout d’étrangers ennuyeux, et des djibolais craintifs, la situation n’est pas loin de dégénérer.

La population djibolaise qui voit ses réfugiés de plus en plus nombreux est inquiète sur plusieurs points dont le plus important est celui de sa sécurité. Tout le monde est déçu quand à la manière dont se comportent les réfugiés. Une citoyenne de Djibo, visiblement choquée note que, « c’aurait été des burkinabè de l’autre côté de nos frontières, on n’aurait même pas trouvé de problème à partager les mêmes tentes quoi qu’il en soit » encore moins de prendre les mêmes rangs, mais que dieu nous en garde. Il faut sauver le Mali, mais aussi et surtout les maliens, exilés ou pas !

Nibel Casfigo El Che

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