dimanche 18 novembre 2012

Société : Nos anciens meurent inquiets


Notre société, à l’instar de celles africaines, est en perpétuelle mutation. Elles se manifestent sur tous les plans dont le plus important est celui de l’éducation qui est un domaine essentiel parce ce que déterminant pour l’être et le devenir de toute société. En effet, l’éducation est une méthode par laquelle, on fait évoluer un individu vers un certain niveau d’émancipation. Son étymologie en dit mieux. Le terme vient du latin « edeucere » qui signifie faire évoluer. C’est dire que l’éducation consiste à faire passer d’un point «  A » vers un autre « B » plus élevé, comme nous l’instruit si bien le Professeur émérite Joseph Ki-Zerbo.
On le sait aussi, toute société éduque avec une conception d’un personnage type. Chaque société, a un personnage « robot », nous disent les anthropologues. Nous, nos sociétés, ont comme personnage « robot » un homme ou une femme épris de respect d’autrui, d’amour propre et d’esprit de sacrifice pour la patrie. A la question de savoir comment y arriver, une réponse aussi simple que pratique : le placement de l’enfant sous le couvert de la société entière. Le principe est clair, un enfant appartient à toute la communauté.
En quelques années, notre société a balayé ce principe faisant place à une vie dans laquelle, l’enfant n’appartient même plus à sa famille entière. Il n’est voué qu’à ses géniteurs. Dans certains cas même parmi ses géniteurs, il n’y a qu’un seul qui a de l’influence sur l’enfant. Il n’est pas rare de voir un enfant vociférer des menaces envers de vieilles gens qui lui reprochent telle ou telle chose. Très souvent la réaction est du genre, « tu n’es pas mon père » ou plutôt, « même mon père ne me parle pas ainsi ». Pourquoi en sommes nous arrivés là ?
D’où nous vient cette culture de l’individualisme ? La question mérite réellement d’être posée ! Cependant, une analyse simple de la situation actuelle nous fait comprendre que les nouvelles pratiques que nous déplorons sont surtout remarquables dans les villes et s’accentuent au fur et à mesure que l’urbanisme s’amplifie. Pis encore, les jeunes personnes instruites dans ces localités sont les plus touchés par cette crise de conscience qui met en péril nos valeurs traditionnelles.
Nous n’irons jusqu’à dire que l’école est responsable de ce qui arrive mais force est de reconnaître que pendant longtemps, nos écoles ont enseigné les cultures occidentales dans lesquelles l’individualisme est tant exalté. En effet, on nous a tous enseigné un certain libertinage qui a fait de certains d’entre nous des dangers pour notre culture. En plus, le système éducatif, plusieurs fois réformé dans une logique de « perfectionnement » par les pouvoirs publics, a fini par rendre ses produits dangereux. En faisant des élèves des intouchables vis-à-vis des enseignants, le système a formé des enseignants et leur a mis face à une force qui se dresse comme un adversaire alors qu’il devait occuper la place d’auditeur attentionné.
Quand ce n’est pas l’enfant formé par un système libertin qui cause problème, c’est très souvent ses parents qui ne suivent pas son évolution. L’enfant grandit sans un suivi et de ce délaissement grandit un être sans estime pour ce que le commun des éduqués modèles trouve de moral. Sa seule morale est celle qu’il acquiert dans la rue. Pourtant, comme on le dit souvent, la rue n’éduque pas, elle élève comme on élève les animaux. Dans cette liste, se trouvent des enfants de familles aisées qui bénéficient de tous les luxes et qui ne sont nullement suivis dans leurs actes ni conseillers dans ce qu’ils font.
Ainsi, nombreux sont nos parents qui sont aujourd’hui déçus de ce que sont devenus leurs enfants. D’autres encore, non moins importants, se plaignent de ne plus être en droit d’inculquer des valeurs à des enfants de leurs propres frères et sœurs parce que tout simplement, ils craignent des réactions vigoureuses de la part de l’enfant ou de ses parents.
Au regard de la délicatesse de la question et de la complexité de la situation dans laquelle elle se pose, il serait important et même essentiel de créer un cadre de concertation à travers lequel les valeurs sociales et sociétales des burkinabé en particulier et des africains en générale seraient à nouveau considérées comme bases de notre éducation et donc de notre développement.
L’éducation est le fondement de toute société car elle force l’homme en lui inculquant des valeurs de savoir-vivre, de savoir-faire et de savoir-être, c’est-à-dire une culture qui est marque d’une société. Il est temps que cessent les copies à outrance des sociétés occidentales au péril des nôtre. Vivement, que nos anciens cessent de mourir avec autant de regret !
Moussa DICKO

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