Notre société, à l’instar de
celles africaines, est en perpétuelle mutation. Elles se manifestent sur tous
les plans dont le plus important est celui de l’éducation qui est un domaine
essentiel parce ce que déterminant pour l’être et le devenir de toute société.
En effet, l’éducation est une méthode par laquelle, on fait évoluer un individu
vers un certain niveau d’émancipation. Son étymologie en dit mieux. Le terme
vient du latin « edeucere » qui signifie faire évoluer. C’est dire
que l’éducation consiste à faire passer d’un point « A » vers un
autre « B » plus élevé, comme nous l’instruit si bien le Professeur
émérite Joseph Ki-Zerbo.
On le sait aussi, toute
société éduque avec une conception d’un personnage type. Chaque société, a un
personnage « robot », nous disent les anthropologues. Nous, nos
sociétés, ont comme personnage « robot » un homme ou une femme épris
de respect d’autrui, d’amour propre et d’esprit de sacrifice pour la patrie. A
la question de savoir comment y arriver, une réponse aussi simple que
pratique : le placement de l’enfant sous le couvert de la société entière.
Le principe est clair, un enfant appartient à toute la communauté.
En quelques années, notre
société a balayé ce principe faisant place à une vie dans laquelle, l’enfant
n’appartient même plus à sa famille entière. Il n’est voué qu’à ses géniteurs.
Dans certains cas même parmi ses géniteurs, il n’y a qu’un seul qui a de
l’influence sur l’enfant. Il n’est pas rare de voir un enfant vociférer des
menaces envers de vieilles gens qui lui reprochent telle ou telle chose. Très
souvent la réaction est du genre, « tu n’es pas mon père » ou plutôt,
« même mon père ne me parle pas ainsi ». Pourquoi en sommes nous
arrivés là ?
D’où nous vient cette culture
de l’individualisme ? La question mérite réellement d’être posée !
Cependant, une analyse simple de la situation actuelle nous fait comprendre que
les nouvelles pratiques que nous déplorons sont surtout remarquables dans les
villes et s’accentuent au fur et à mesure que l’urbanisme s’amplifie. Pis
encore, les jeunes personnes instruites dans ces localités sont les plus
touchés par cette crise de conscience qui met en péril nos valeurs
traditionnelles.
Nous n’irons jusqu’à dire
que l’école est responsable de ce qui arrive mais force est de reconnaître que
pendant longtemps, nos écoles ont enseigné les cultures occidentales dans
lesquelles l’individualisme est tant exalté. En effet, on nous a tous enseigné
un certain libertinage qui a fait de certains d’entre nous des dangers pour
notre culture. En plus, le système éducatif, plusieurs fois réformé dans une
logique de « perfectionnement » par les pouvoirs publics, a fini par rendre
ses produits dangereux. En faisant des élèves des intouchables vis-à-vis des
enseignants, le système a formé des enseignants et leur a mis face à une force
qui se dresse comme un adversaire alors qu’il devait occuper la place
d’auditeur attentionné.
Quand ce n’est pas l’enfant
formé par un système libertin qui cause problème, c’est très souvent ses
parents qui ne suivent pas son évolution. L’enfant grandit sans un suivi et de
ce délaissement grandit un être sans estime pour ce que le commun des éduqués
modèles trouve de moral. Sa seule morale est celle qu’il acquiert dans la rue.
Pourtant, comme on le dit souvent, la rue n’éduque pas, elle élève comme on
élève les animaux. Dans cette liste, se trouvent des enfants de familles aisées
qui bénéficient de tous les luxes et qui ne sont nullement suivis dans leurs
actes ni conseillers dans ce qu’ils font.
Ainsi, nombreux sont nos
parents qui sont aujourd’hui déçus de ce que sont devenus leurs enfants.
D’autres encore, non moins importants, se plaignent de ne plus être en droit
d’inculquer des valeurs à des enfants de leurs propres frères et sœurs parce
que tout simplement, ils craignent des réactions vigoureuses de la part de
l’enfant ou de ses parents.
Au regard de la délicatesse
de la question et de la complexité de la situation dans laquelle elle se pose,
il serait important et même essentiel de créer un cadre de concertation à
travers lequel les valeurs sociales et sociétales des burkinabé en particulier
et des africains en générale seraient à nouveau considérées comme bases de
notre éducation et donc de notre développement.
L’éducation est le fondement
de toute société car elle force l’homme en lui inculquant des valeurs de
savoir-vivre, de savoir-faire et de savoir-être, c’est-à-dire une culture qui
est marque d’une société. Il est temps que cessent les copies à outrance des
sociétés occidentales au péril des nôtre. Vivement, que nos anciens cessent de
mourir avec autant de regret !
Moussa
DICKO
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